La citoyenneté au-delà des frontières nationales : la politique étrangère brésilienne et les Brésiliens au Québec

La dynamique des migrations internationales a connu une forte intensification des flux en modifiant plusieurs aspects de la citoyenneté. Les pays de destination et ceux d'origine développent, respectivement, des politiques ciblant les immigrés et les expatriés...

...Le Brésil est l'un de ces pays qui est allé à la rencontre des ses nationaux. Cette étude examine ainsi la communauté brésilienne au Québec en explorant les notions de citoyenneté transnationale et de diaspora. Les entretiens menés ont permis l'analyse de la politique étrangère brésilienne et les réponses apportées par les émigrés brésiliens. En cherchant également à déterminer les rapports entre le Brésil, le Québec et la diaspora, nous avons mis l'accent sur les accords bilatéraux existants et leurs influences sur la diaspora. Les résultats révèlent le caractère informel de l'organisation de cette diaspora qui fait pourtant valoir les dispositifs d'engagement avec le Brésil.

Mots clés: Citoyenneté transnationale ; Vote à l’étranger ; Immigration ; Brésil ; Québec.

 

Resumo

A dinâmica das migrações internacionais sofreu uma forte intensificação dos fluxos modificando vários aspectos da cidadania. Os países de destino e os de origem desenvolvem, respectivamente, políticas visando os imigrantes e os expatriados. O Brasil é um desses países que foi ao encontro de seus nacionais. Este trabalho examina a comunidade brasileira no Québec explorando como modelos de análise os conceitos de cidadania transnacional e diáspora. Através de entrevistas em profundidade, tais conceitos foram aplicados de modo a relacionar a atual política externa brasileira e a resposta dada pelas comunidades. Procuramos também determinar de que maneira se dá a relação entre o Brasil, o Québec e a diáspora, ressaltando os acordos bilaterais existentes e suas influências sobre a diáspora. Os resultados revelam o caráter informal de organização dessa diáspora que, apesar disso, lança mão dos dispositivos de vinculação com o Brasil.

Palavras-Chaves: Cidadania transnacional ; Voto no exterior ; Imigração ; Brasil ; Québec.

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Erika Pereira de Almeida

Doctorante en Sociologie/Démographie

Université Paris Descartes - Centre Population et Développement

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La citoyenneté au-delà des frontières nationales : la politique étrangère

brésilienne et les Brésiliens au Québec

 

Introduction

          Au cours des dernières décennies, la dynamique des migrations internationales a connu une forte intensification des flux sud-nord. Elle a modifié plusieurs aspects de la politique étrangère des pays d'origine ou de destination. La citoyenneté est l’un d'entre eux. Les pays de destination mettent en place des politiques d'intégration des immigrants et, en parallèle, les pays d'origine développent des politiques d'engagement avec ses nationaux, assurant l'exercice de la citoyenneté à l’étranger. Le Brésil, reconnu comme « terre d'immigration » a changé de profil pour devenir un pays d'émigration depuis 1980. Les flux de sortie de Brésiliens sont devenus un phénomène considérable. L’importance croissante des organisations de citoyens à l'étranger a conduit le gouvernement brésilien à élaborer des politiques d'engagement avec ses nationaux. Ainsi, l'État a élargi ses actions auprès des communautés brésiliennes à l'étranger. Cette étude examine ainsi la communauté brésilienne au Québec et explore la notion de citoyenneté transnationale de diaspora comme modèle d'analyse (I). Grâce à des entretiens menés auprès des Brésiliens recrutés par le programme d'immigration du Québec, ces concepts ont été appliqués afin d'analyser l'actuelle politique étrangère brésilienne et les réponses apportées par les communautés à l'étranger. Nous cherchons également à déterminer comment s'opère la relation triangulaire entre pays d'origine - pays d'accueil - diaspora, en mettant l'accent sur les accords bilatéraux entre le Brésil et le Québec (II) et leurs relations avec la diaspora (III). Les résultats révèlent que les Brésiliens sont organisés de manière informelle et font valoir les dispositifs d'engagement avec le Brésil.

 

I. La citoyenneté transnationale: la définition du concept et son application par le Brésil

          Le concept de citoyenneté transnationale est associé à l'élargissement du concept de citoyenneté, dont les principes d'égalité des droits politiques et sociaux dépassent les frontières définies par l'État-nation. En partant du principe que la conceptualisation de citoyenneté est relationnelle, à savoir qu’elle est reliée aux rapports entretenus entre un individu et un État, ou même avec une collectivité politique, les principes d'égalité et la jouissance de certains droits politiques et sociaux sont ainsi étendus aux individus qui, de façon normative, seraient catégoriquement exclus.

Par ailleurs, plus récemment, certains pays ont mis en œuvre de nouvelles politiques pour maintenir leur engagement envers leurs expatriés(1), en étendant le concept de citoyenneté. Ces individus ont été intégrés politiquement, socialement et économiquement par l'action de leurs États respectifs qui mettent en place des politiques d'engagement envers leurs citoyens à l'étranger. Selon Goldring et al. (2003 : 1) cet engagement se fait par divers biais, à la fois par l’intermédiaire des consulats dans les pays d'accueil de leurs nationaux, en accroissant la portée de leurs services, en facilitant l'accès à la double nationalité ou encore par l'ouverture à la participation politique.

Un exemple de ces engagements est le droit d’exercer sa citoyenneté par le vote, droit que, jusqu’à récemment, très peu de pays soutenaient (Nohlen et Grotz, 2000 : 116; Tager, 2006 : 36; Bauböck, 2003 : 702). Les pays où le droit de vote aux expatriés a été étendu sont de plus en plus nombreux. Graduellement, certains pays ont commencé à adopter des législations permettant la participation de leurs citoyens expatriés aux élections nationales. D’après Nohlen et Grotz (2000 : 1) et Lafleur (2013 : 5) des pays européens, ainsi que les pays d’Amérique, d’Afrique et de l’Asie, y compris certains pays du Moyen-Orient sont sur la liste des pays autorisant la participation dans le suffrage(2). Ce changement d'attitude peut être lié à l'importance accrue de cette population à l'étranger, tant du point de la taille de leurs populations à l’étranger que par son importance politique et économique(3) (4).

Les stratégies d’engagement adoptées par les États sont le résultat de deux processus: a) en tant que réponse (venue de « haut ») aux revendications des expatriés quant à la participation et l'inclusion citoyenne; b) l'intérêt des Etats à garder le contrôle ou d'interférer auprès de leurs communautés d'expatriés. Ce dernier s’opère à la fois en les utilisant comme des intermédiaires auprès des pays d'accueil de leurs citoyens ou en attirant le soutien politique et financier au niveau national (Sheffer, 1995 : 14; 2003 : 128; 2006 : 136; Goldring et al., 2003 : 1-2; Gamlen, 2006 : 5; Padilla, 2011 : 11)

Une autre forme de transnationalisme est la participation à des associations d'immigrés (Schiller, 2003 : 127 ; Sheffer, 2003 : 128 ; Caglar, 2006 : 2 ; Orozco et Rouse, 2007(5) ; Faist, 2010 : 14). Ces associations sont un moyen de maintenir des liens avec le pays d'origine, de maintenir une solidarité entre ses membres, d’exercer une pression sur les pays d'origine et d'installation avec, pour principal objectif, l’acquisition de droits. D'après Goldring et al. (2003 : 2), bien que l'engagement reste complexe et variable, les interventions des États et des organisations révèlent davantage l'institutionnalisation des liens (entre l'État et les communautés d’expatriés). D'ailleurs, cette institutionnalisation prend de nombreuses formes, y compris dans les associations de villes d'origine, de régions, ainsi qu'au niveau national. D’autres formes dépassent également ce caractère institutionnel. Ce sont notamment les associations informelles, couramment créées en vue de chercher l'affirmation de l'identité nationale à l'étranger en créant une «communauté imaginée(6) » (Anderson, 1991 : 6).

 

           A.   Les relations triangulaires

         D’après Sheffer (2003 : 127) et Shuval (2000 : 46), les relations triangulaires consistent en des relations entretenues entre la communauté immigrante, la patrie et le pays d’accueil. Elles sont tenues comme salutaires pour l'évolution de la citoyenneté transnationale. Les pays d'origine, intéressés par le possible pouvoir des communautés à l'étranger se rapprochent stratégiquement de celles-ci à la fois pour obtenir des bénéfices financiers et les supports politiques dont ils ont besoin au niveau national, mais aussi pour augmenter leur pouvoir de négociation auprès des pays d'accueil. Quant aux communautés, elles utilisent cet intérêt du pays d'origine pour faire valoir leurs demandes auprès de leur gouvernement d’origine. Autrement dit, ce gouvernement peut être un acteur important, en devenant un interlocuteur, un porte-parole pour mobiliser et défendre les intérêts de leurs nationaux auprès des pays d’accueil (Sheffer, 1986). Par exemple, la communauté brésilienne a bénéficié de l'intervention du président brésilien Lula auprès de l’Etat portugais pour la régularisation des Brésiliens en situation migratoire irrégulière dans ce pays(7).

 

           B.   La particularité du Brésil

L'un des pays à mettre en œuvre des stratégies d'engagement entre ses citoyens à l'étranger est le Brésil. Connu comme un pays d'immigration, le Brésil a reçu depuis des siècles, et plus précisément dans le passage du XIXe au XXe siècles un fort flux d'immigrants, principalement en provenance des pays d'Europe ibérique et méditerranéenne, ainsi que des Syro-Libanais et des Japonais. Nonobstant, depuis les années 1980, le Brésil, terre d'accueil, est devenu un pays d'émigration (Margolis, 1994 : 22 ; 1998 : 31; Martes, 2000 : 15; Goza, 1999 : 766; Patarra, 2005 : 24).

Les flux migratoires de Brésiliens en direction de l'étranger ont été déclenchés par un ensemble de facteurs dont le principal a été l'effondrement de son économie au milieu des années 1980. À cette époque, le pays a vécu l'une des plus graves crises économiques de son histoire. De ce fait, des milliers de Brésiliens ont quitté le pays à la recherche de meilleures opportunités d'emplois et de revenus. En revanche, la stabilité économique et politique acquise au cours des années 1990 n’a pas arrêté les flux migratoires. Durant les années 1990 et 2000, ces mouvements se sont même intensifiés grâce aux réseaux migratoires qui lient l'origine à la destination, facilitent le projet migratoire ainsi que l'installation dans les pays de destination (Massey, 1988 : 448; Goza, 2005 : 5). Les principales destinations de ces Brésiliens ont été les pays développés d'Amérique du Nord et d'Europe, ainsi que le Japon(8). Actuellement, la population brésilienne expatriée serait de plus de deux millions de personnes dont 60% aux États-Unis, au Japon, en Espagne et au Portugal(9) (MRE, 2012). Néanmoins, d'autres destinations ont vu leurs flux de Brésiliens augmenter, comme la France (Almeida, 2012:378). Ceci découlerait de l'augmentation de difficultés administratives rencontrées par les Brésiliens pour l'entrée aux États-Unis, faisant du continent européen une destination alternative (Bógus, 2007:41). Par ailleurs, cette réorientation des flux peut être due aux effets de la crise économique commencée en 2008, atteignant de façon incisive le Portugal et l'Espagne, entraînant ainsi une plus grande circulation des Brésiliens à l'intérieur de l’Europe (Almeida, 2012:370).

La citoyenneté transnationale des Brésiliens date des années 1960. Le droit de vote à l'étranger est la plus ancienne prérogative qui n'a pu être exercée pleinement qu’en 1989  avec la démocratisation. Les premières élections directes pour la présidence de la république n'ont eu lieu qu’après la fin de la dictature militaire(10). Cependant le droit de vote des émigrés ne concerne que les élections présidentielles, car les autres élections, comme les législatives demeurent limitées aux Brésiliens résidents au pays. La singularité du Brésil lorsque la question du vote est évoquée concerne surtout son caractère obligatoire, car dans ce pays la participation au suffrage est un devoir constitutionnel de chaque citoyen. Malgré cela, Padilla (2011:21) souligne que les Brésiliens vivant à l'étranger et inscrits pour voter ont un faible taux de participation, malgré l’augmentation de l’effectif d’électeurs depuis les années 2000(11). Ainsi, ce chiffre ne représente que 0,142% des électeurs résidant au Brésil (TSE, 2013(12)). Dans cette perspective, elle ajoute que la participation des expatriés aux élections serait intéressante et attractive si les Brésiliens pouvaient élire des représentants de leurs communautés (Padilla, 2011 : 21).

Un autre exemple de l'extension de la citoyenneté pour les Brésiliens a été le droit à la double nationalité, daté de 1994 (Levitt et Schiller, 2004 : 23). Le Brésil rejoint le groupe des pays, comme la France, l'Irlande, la Grèce et bien des autres qui accordent le droit à la double nationalité à leurs nationaux et leurs descendants, même si, en l’occurrence, ils possèdent le passeport d'un autre pays (Levitt et Schiller, 2004 : 23).

Dans ces dispositifs de citoyenneté élargie, le Brésil est un cas particulier, car la majorité des dispositifs mis en place n'ont pas été des réponses du gouvernement aux revendications de ses citoyens. En effet, les principaux attributs de la citoyenneté transnationale exercée par les Brésiliens à l’étranger ont été des mesures prises par le « haut ». La seule exception était la question des « Brasileirinhos apátridas(13)». Cet épisode montre comment une organisation d'immigrants fut en mesure d'amener le gouvernement brésilien via leurs revendications, à une réponse positive.

En 1994, en raison d'une révision de la Constitution du Brésil, le droit à la nationalité brésilienne automatique a été interdit aux enfants de pères et / ou mères brésiliennes nés à l'étranger. Ainsi, les enfants nés à l'étranger, et dans des pays où le droit du sol n'était pas garanti, devenaient apatrides. Cet événement a donné lieu à l’émergence de l’association « Brasileirinhos apátridas »(14). Finalement, en 2007, grâce aux pressions et la visibilité internationale, un amendement de la constitution a été adopté rendant possible pour tous les enfants de père et/ou de mère brésilienne nés à l'étranger d’être considérés automatiquement comme des Brésiliens. A cet effet, il suffit « qu'ils soient inscrits dans un consulat brésilien ou qu’ils résident au Brésil et optent, à tout moment, à l'âge adulte, pour la nationalité brésilienne» (Mendes, 2007 :145).

Au fil du temps, les communautés brésiliennes à l'étranger se sont développées. Ces groupes de Brésiliens résidant à l'étranger ont commencé à acquérir une visibilité progressive au cours des 25 dernières années. Ce développement est dû notamment aux progrès des technologies de communication et d'information qui permettent le maintien de liens avec le pays d'origine, entre les membres de ces communautés et entre les communautés à l'étranger dans leur ensemble. D'ailleurs, ces technologies ont permis une plus grande mobilisation des émigrés s'étendant à la sphère de la société civile, avec l'exemple paradigmatique des «Brasileirinhos apátridas ».

Pendant une longue période, le niveau organisationnel des Brésiliens est resté informel et a été réduit au cadre privé et religieux (Sales, 1998 : 188 ; Martes, 2000 : 170). Cette forme « rudimentaire » d'organisation a évolué et l'institutionnalisation des organisations s’est développée. Actuellement, selon les données du Ministère des Relations Extérieures, compilées par Reis (2011 : 51), il existe plus de 350 associations et organisations de Brésiliens dans plus de 45 pays, dont la majorité se consacre à la diffusion de la culture brésilienne aux étrangers. Ces activités concernent l'enseignement de la samba, de la capoeira et du portugais brésilien, ainsi que des associations de promotion des événements culturels, églises chrétiennes, des associations d'étudiants, entre autres. Les associations consacrées aux communautés d'immigrants à la fois pour la défense de leurs intérêts, pour la préservation de leurs identités, ainsi que pour la sociabilité et l'entraide, sont moins nombreuses. Celles-ci sont en général des organisations qui proposent une assistance et orientation en matière politique, juridique, de santé, d'immigration et de culture. D’ailleurs, ces associations sont plus nombreuses dans les pays où la présence de Brésiliens en situation migratoire irrégulière est plus importante, comme aux Etats-Unis, au Portugal et en Angleterre (Sales, 1998 : 189 ; Lussi et Marinucci, 2008 : 122 ; Marinucci et Farias, 2009 : 90).

Au niveau institutionnel, le gouvernement brésilien a montré depuis la seconde moitié des années 1990 un intérêt grandissant pour ces communautés à l'étranger. L'une des premières mesures prises par le gouvernement brésilien (venues de « haut ») par le biais du Ministère des Relations Extérieures a été la création d'un programme de soutien aux Brésiliens à l’étranger(15) (Reis, 2011 : 50). Créé en 1995, ce programme a établi la création de consulats pour itinérants. Ceux-ci font office de consulats généraux qui réalisent des missions dans les grandes et moyennes villes qui ne possèdent pas de représentation diplomatique brésilienne. Quelques années plus tard, les consulats itinérants ont augmenté leur zone de couverture se faisant présents dans des petites villes, en particulier dans la région du Cône Sud et dans les régions frontalières (Barreto, 2009 : 265).

Depuis les années 2000, de nombreuses autres initiatives ont été mises en place, en rendant le dialogue entre l'État et la société civile migrante plus étroit. Ainsi, l’Etat reconnaît l'importance de cet effectif de plus de deux millions de personnes, en ce qui concerne les transferts de fonds vers le pays et aussi le soutien politique qu'elles peuvent offrir. En se rapprochant de ses citoyens, l'État est devenu partie intégrante de la vie quotidienne des expatriés. Encore sur le plan politique, nous avons l'exemple paradigmatique qui s'est produit lors des élections présidentielles de 2002, quand l’ancien président, Lula, alors candidat à la présidentielle, a incorporé dans son programme électoral une série de propositions(16) qui allaient à la rencontre des besoins des communautés(17) (Reis, 2011 : 52). Sur le plan économique, la croissante attention consacrée aux Brésiliens à l'étranger est attribuée au volume considérable de l'argent qu'ils envoient vers le Brésil (Reis, 2011 :51). Selon les estimations de l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM, 2009 :10), l’argent envoyé au Brésil par les émigrés dépasserait la somme de 5 milliards de dollars américains par an(18). Le Brésil serait le deuxième destinataire des envois de fonds en Amérique latine derrière le Mexique (OIM, 2009 :10).

En 2002, la première réunion ibérique de la Communauté des Brésiliens à l'étranger, ultérieurement appelée « Conférence des Brésiliens dans le monde », a eu lieu à Lisbonne, au Portugal. Réalisée à l'initiative de l'ordre des procureurs régionaux pour les droits des citoyens du District fédéral (région centrale du Brésil), cette réunion a reçu la participation de divers acteurs engagés dans la thématique migratoire et elle est à l’origine du « document de Lisbonne(19)» qui revendiquait, entre autres choses, la création d'une agence gouvernementale rattachée au Ministère des Affaires étrangères pour traiter de la question des Brésiliens à l'étranger. D’autres « Conférences» ont eu lieu en 2009 et en 2010 dans la ville de Rio de Janeiro, au Brésil.

Plus récemment, en 2010, les principes et les lignes directives de la politique gouvernementale pour les communautés brésiliennes à l'étranger ont été établis par décret présidentiel. Ce décret a créé le « Conseil des représentants des Brésiliens à l'étranger » (le Conseil de citoyens) et a institué la réalisation des « Conférences des Brésiliens dans le monde(20) ». Celles-ci, parmi d’autres, sont de mesures ponctuelles qui, en partenariat avec d'autres agences gouvernementales et ministérielles visent à aller à la rencontre des expatriés brésiliens (MRE, 2010). D’autres mesures prises par le « haut » ont été par exemple la signature de divers accords bilatéraux liés essentiellement à la sécurité sociale et à la question de la retraite. Ces accords ont été conclus avec des pays comme la France, le Québec, l'Allemagne, le Portugal, l'Espagne, l'Italie et le Japon, parmi d’autres (Ministère de la sécurité sociale du Brésil, 2013)

Ces dispositions, font preuve de l'existence d'un véritable intérêt de l'État brésilien de se faire présent auprès de ses communautés à l’étranger. D'ailleurs, même si les mesures prises n'émergent pas d'initiatives d’expatriés, ces dispositions permettent l'exercice de la citoyenneté au-delà des frontières de l'état-nation, mais également elles essaient de cultiver et d'inculquer aux Brésiliens le sentiment commun d'appartenance à leur pays d'origine.

 

II. Les Brésiliens au sein de la politique migratoire sélective du Québec

         Au Canada, le nombre officiel de Brésiliens est de 15,120 individus(21). Ils résident principalement dans les provinces d'Ontario, du Québec et de la Colombie-Britannique, notamment dans leurs respectives métropoles (Statistique Canada, 2006). Comme le montrent Goza (1999 : 772) et Vidal (2000 : 19), le Canada servait initialement de «pont» pour entrer illégalement aux États-Unis(22). Progressivement, les Brésiliens se sont établis au Canada en utilisant des réseaux sociaux migratoires (Goza, 2005 : 5; Vidal, 2000 : 51; Brasch, 2010 :3). Au cours de ces 15 dernières années, le Canada a subi une augmentation accrue de la population d'origine brésilienne. L'une des causes de cette augmentation peut être attribuée à la fois à la consolidation des réseaux sociaux, mais aussi à la politique d'immigration canadienne (Barbosa, 2003 ; 2009).

Le Québec mène sa politique migratoire de façon autonome depuis 1990 grâce à «l’Accord Canada-Québec(23) ». Depuis, la province gère sa propre politique d'immigration. Orientée vers la satisfaction des besoins économiques et démographiques, conçue comme un moyen pour le Québec de s’affirmer comme « société distincte[24] » (MICC, 1991 :1), l'objectif de cette politique est d'attirer des travailleurs qualifiés, de peupler la province et d'assurer le maintien et la perpétuation du français comme langue majoritaire (MICC, 1991). Mise en œuvre en tant que politique publique, elle est basée sur le système de points qui sont attribués selon des critères de qualification, d'âge et de connaissance du français et de l'anglais. Facilement ajustable en fonction de la situation économique, le système sélectionne la catégorie des immigrants économiques, représentée par des travailleurs qualifiés. En effet, cette politique vise à attirer des immigrants de façon à faire face aux enjeux démographiques/démo-linguistiques et économiques du Québec. D’abord, la chute de la fécondité à des niveaux très faibles post « Révolution tranquille(25) », dont les taux de fécondité assuraient auparavant le maintien de l'hégémonie francophone dans la province ont été fortement réduits, en compromettant, à long terme l'importance relative de ce groupe. Deuxièmement, c’est l’enjeu économique traduit par le manque de travailleurs dans certains secteurs clés de l'économie qui a poussé le Québec vers cette politique migratoire.

Tout le processus de sélection des immigrants est mené par les bureaux d’immigration, installés dans certains pays. Il est intéressant d'ajouter que les immigrants au Québec, ainsi que les immigrants dans le reste du Canada ont accès à divers droits. Les immigrés ont le droit de travailler, de bénéficier de services publics – santé, sécurité sociale, retraite – passer des concours pour la fonction publique, parmi d’autres. La seule exception est la participation au suffrage – de voter et d'être élu - ainsi que d'avoir un passeport canadien. Ces derniers sont octroyés uniquement à la demande de la citoyenneté canadienne, accordée, en général, après trois ans de résidence au Canada en tant qu’immigrant.

Quant à la croissance continue de la migration de travailleurs qualifiés dans le monde, le Québec, et le Canada dans son ensemble, ne sont pas les seuls à mettre en œuvre des politiques qui facilitent l'entrée des travailleurs étrangers qualifiés (OCDE, 2002, 2004). Connu comme « fuite des cerveaux » (brain drain)(26), le recrutement de travailleurs qualifiés n'est pas une spécificité du Canada ou du Québec. En effet, divers pays mènent des politiques qui cherchent à attirer des travailleurs qualifiés, tels que l’Australie, la Nouvelle-Zélande, ou encore des pays Européens (OECD, 2009) Toutefois, dans le cas spécifique du Québec, la politique migratoire ne se limite pas à la sphère économique, elle comprend également une dimension démographique. D'ailleurs, sa politique d'immigration est également considérée comme une «politique de remplacement» (ONU, 2001 :11) puisqu’elle cherche à attirer des immigrants afin d'éviter le déclin de la population totale. Au Québec, le déclin de l’effectif populationnel est prévu pour les prochaines décennies (Marois, 2008 :241).

 

III. Les entretiens comme source de données et le recueil de témoignages

         Dans ce travail portant sur l’exercice de la citoyenneté transnationale par les Brésiliens au Québec, nous avons utilisé une approche qualitative en employant la méthodologie qualitative. Pour cela, nous avons mené des entretiens semi-structurés auprès des immigrants brésiliens. Pendant quatre mois nous avons conduit des entretiens auprès des Brésiliens installés dans la ville de Montréal et dans sa région métropolitaine. L'enquête a été réalisée entre le 18 mars et le 5 avril 2011, par téléphone et par skype avec 10 individus qui sont venus vers nous par le biais des réseaux sociaux en ligne(27).

En raison de l'impossibilité de déplacements pour la réalisation des entretiens, nous avons employé cette méthode d’entretien téléphonique et par Skype. Peu utilisée dans les sciences sociales, cette technique est de plus en plus utilisée dans d'autres domaines de la science en raison de toutes les facilités dont elle dispose (Musselwhite et al., 2006; Glogowska et al., 2010).  Les entretiens ont suivi un guide d'entrevue préalablement établi et ont eu une durée moyenne de 30 minutes. Les entretiens ont été enregistrés suite à lecture du consentement libre et éclairé et avec l'accord des participants. Ensuite, les entretiens ont été transcrits et analysés en utilisant la technique « d'analyse contenu » (Bardin, 1977 ; Paillé et Mucchielli, 2012).

Au total, sept personnes ont été recrutées par le réseau social « Orkut », les trois autres l'ont été par la méthode appelée « boule de neige » (Atkinson et Flint, 2001). Les participants ou les informateurs avec lesquels le contact a déjà été établi, utilisent leurs réseaux sociaux pour désigner au chercheur d'autres personnes qui pourraient potentiellement participer ou contribuer à l'étude.

Notre groupe d’interlocuteurs, âgés de 37 ans en moyenne, est composé d’une majorité de femmes - sept au total - et trois hommes, originaires de la région centre-sud du Brésil. Leur temps de résidence au Québec est assez variable, mais il s’agit d'immigrants récents(28) arrivés au Québec entre 2006 et 2011.

 

        A.   La citoyenneté élargie: un droit exercé malgré des complaintes

          Au Brésil, le Bureau d’Immigration du Québec (BIQ) responsable de la sélection des immigrants a été créé à São Paulo depuis 2008. En effet, depuis 2008, le Brésil a été la cible de la politique étrangère du Québec en Amérique du Sud. L’un des résultats de cet intérêt a été l’implantation de ce bureau d'immigration au Brésil. Le BIQ, auparavant installé à Buenos Aires, en Argentine, a été transféré aussi en raison de la hausse de demandes de la part des Brésiliens. En Amérique du Sud, les Brésiliens étaient considérés comme des candidats à l’immigration très convoités. Selon une enquête menée par ce bureau, les candidats brésiliens ont été considérés comme une population facilement intégrable au Québec ayant une grande facilité à communiquer en français et en possédant un profil jeune mais expérimenté dans le marché du travail. Diverses conférences d’information sur le processus sont réalisées régulièrement au Brésil, attirant un grand public désireux de connaître le processus d’immigration vers la province francophone. En 2011, pour des raisons budgétaires, les activités du BIQ au Brésil ont pris fin et ce dernier a été fusionné à celui du Mexique. Pendant quatre ans, le bureau a recruté environ un millier d'immigrants annuellement (Soraia Tandel, communication personnelle, 18 mars 2011). Actuellement, il existe seulement trois bureaux situés à l'extérieur du Canada(29).

Installés principalement à Montréal et dans sa région métropolitaine, ainsi qu'à Ville de Québec, Sherbrooke et Gatineau, les Brésiliens au Québec constituent un effectif de près de 7000 personnes (Statistique Canada, 2011). C’est une présence relativement faible, particulièrement si la compare à celle de Toronto où résident environ 20000 Brésiliens, ou mieux encore à celle des Etats-Unis qui comptent plus d’un million de Brésiliens sur l’ensemble du territoire. La présence de Brésiliens au Québec est encore récente, cependant son effectif a pratiquement doublé durant l’intervalle des deux derniers recensements, celui de 2006 et de 2011. Cette augmentation peut être attribuée à la politique migratoire québécoise menée au Brésil depuis 2008.

 

           B.   L’exercice de la citoyenneté élargie

En considérant que le droit de vote à l'étranger est l'une des principales prérogatives de l'exercice de la citoyenneté transnationale, nous avons d’abord cherché à comprendre, comment s’opérait la relation entre les immigrés brésiliens au Québec et le consulat du Brésil à Montréal. Etant donné que le consulat est une des principales portes d'entrée pour l'exercice de la citoyenneté transnationale, nous avons demandé à nos interlocuteurs s'ils étaient déjà allés au consulat brésilien et s'ils étaient inscrits pour voter aux élections présidentielles.

Nos interlocuteurs nous ont informé qu’ils connaissaient les services du consulat et qu’ils les considéraient comme assez basiques. D’ailleurs, ils déclarent que le consulat est une sorte de reproduction à petite échelle du service public brésilien, réputé pour son inefficacité, pour sa lourdeur bureaucratique et pour sa lenteur. Le niveau de satisfaction exprimé par nos interlocuteurs devient un facteur déterminant pour l’intérêt à l'exercice de la citoyenneté transnationale. D’après nos interlocuteurs, le traitement dispensé par les fonctionnaires du consulat s'avère « froid » et antipathique en manquant d’efficacité. Ainsi ils nous ont déclarés:

« Rentrer au consulat brésilien est comme rentrer au Brésil. Les gens nous traitent comme s'ils nous rendaient un service, comme si je n'avais pas le droit d'être là » (Interlocuteur 1).

« Je déteste cet endroit. Je suis allée pour renouveler mon passeport. Le service est nul (…) Après avoir attendu une demi-heure on m’a dit que mon passeport n’était pas prêt. Ils pensent qu'ils nous font une faveur » (Interlocuteur 10).

Ainsi, nous voulions en savoir davantage sur les intérêts de ces citoyens à voter aux prochaines élections présidentielles, en 2014. Lorsque nous les avons interrogés sur leur souhait de voter, la minorité s’est montrée intéressée pour participer « de bon gré ». Nous constatons que le caractère obligatoire du vote fait que nos interlocuteurs se sentent démotivés pour participer de l'élection, reléguant l'exercice du droit de vote à la « contrainte bureaucratique ». Cependant, afin d’éviter des amendes ou des sanctions administratives, telle que l’annulation du passeport brésilien, ils finissent par voter.

« J'ai voté pour des questions pratiques, et non pour un devoir patriotique. Je veux juste être en conformité avec la loi brésilienne » (Interlocuteur 5).

Pour voter dans les représentations diplomatiques, l'électeur domicilié à l'étranger doit être inscrit auprès des missions diplomatiques ou aux postes consulaires responsables pour la région de résidence. Cette inscription doit être effectuée dans les 151 jours qui précèdent les prochaines élections. De nos dix interlocuteurs, seulement quatre se sont inscrits au consulat pour voter aux élections présidentielles. S’ils sont conscients de pouvoir exercer leur droit de participer au suffrage, ils nourrissent un certain mécontentement en raison de la restriction du vote aux élections présidentielles.

Il est intéressant de noter qu’à ce stade, une minorité souhaite voter « de bon gré ». Ces interlocuteurs partagent l’intérêt de l’ouverture à la participation aux scrutins locaux, à la fois municipaux ou pour l’élection des gouverneurs des Etats. D’ailleurs, une telle participation aurait une portée plus large, en rendant l’affaire plus proche et « intime ».

« J’aimerais bien voter aux élections municipales ou des Etats... C’est une affaire plus intime » (Interlocuteur 6).

L’existence du conseil des citoyens au sein du consulat est méconnue de nos interlocuteurs. De nos dix Brésiliens interviewés, seulement un a déclaré en avoir connaissance. Cependant, le conseil de citoyens semble être une affaire de copinage, difficile à pénétrer. Par ailleurs, une autre critique révèle davantage les défaillances des moyens de communication et la mise à jour du site internet du consulat. Cette défaillance est une critique assez récurrente chez nos interlocuteurs.

« Je connais le Conseil des Citoyens, mais nous sommes très mal informés, le site Internet est très mal fait. Le conseil de citoyens me paraît une affaire de copinage. Ils ne diffusent rien ! Je ne me sens pas du tout représentée » (Interlocuteur 10).

« Je les ai appelés pour demander des informations pour faire une procuration. Ils m’ont dit que ce serait simple et rapide et que je pouvais tout faire dans une journée. En arrivant là-bas, ils ont été ironiques envers moi en demandant si j'avais lu sur Internet et qu'il ne serait pas possible de le faire le jour-même et qu’il faudrait revenir un autre jour. Il [le consulat] est comme les organismes publics brésiliens. Les heures d’ouverture sont très limitées, c’est horrible » (Interlocuteur 8).

En ce qui concerne les accords bilatéraux entre le Brésil et le Québec, la totalité des participants semblent bien informée. Comme nous l’avons évoqué plus haut, le Brésil a conclu ces dernières années une série d’accords avec certains pays en matière de sécurité sociale et de retraite. Avec le Québec, l’entente relative à la retraite date de 2011. En l’occurrence, le Québec a signé cette entente avec le Brésil à la fin de deux ans de discussions entre les deux parties. Elle permettra aux Brésiliens résidant au Québec et aux Québécois vivant au Brésil de prendre en compte les cotisations versées aux deux régimes de retraite pour obtenir des prestations, telles que les pensions en cas de décès ou d'invalidité (Ministère des pensions et retraite du Brésil, 2011). Bien que cet accord ne soit pas encore en vigueur, les immigrants s'informent davantage sur les moyens d’accès à leurs droits, à la fois au Québec ou au Brésil.

« Je ne sais pas si c’est déjà commencé, mais je suis au courant de ce qui se passe. Je m’intéresse car je suis fonctionnaire en congé sabbatique ». (Interlocuteur 9)

En ce qui concerne leur vie en communauté, dans le cas des Brésiliens au Québec, il n'existe pas d'associations formelles qui regroupent ces individus. En contrepartie, leur regroupement se fait principalement autour de formes associatives informelles. Autrement dit, les immigrants se réunissent souvent autour de célébrations liées à la culture brésilienne. Selon les participants à cette étude, le point de départ de ces réunions se fait autour des communautés virtuelles créées sur Internet afin de réunir les immigrés.

Ainsi, au sein de la communauté, des liens ont été créés et les immigrés se rencontrent sur une base régulière. Les occasions de rencontre sont à la fois pour des festivités comme la célébration de la fête nationale du Brésil ou encore pour le Carnaval. D'autres situations sont les fêtes de caractère privé, dans le but de présenter de nouvelles personnes au réseau, afin de les intégrer et de servir de support aux nouveaux arrivants. Sur ce dernier point, nos interlocuteurs nous ont dit qu'il est fréquent que les immigrants «s'entraident». Un autre aspect évoqué par nos interlocuteurs est l’inexistence des organisations communautaires consacrées exclusivement aux Brésiliens.

« On se voit souvent autour d’un barbecue, pour discuter, pour passer un bon moment ensemble » (Interlocuteur 4).

«Dans la communauté [en ligne] des Brésiliens j’ai expliqué mon problème [de trouver un logement] et une fille qui passait son bail, dont la propriétaire était brésilienne, m'a envoyé ses coordonnées. Nous sommes arrivés et tout a bien marché » (Interlocuteur 8).

«Aujourd'hui, nous avons beaucoup d'organismes pour s’occuper des Brésiliens. Néanmoins, il n’y a pas d’organismes consacrés exclusivement aux Brésiliens (…) Il existe des organismes pour les Latinos, mais rien que pour les Brésiliens » (Interlocuteur 3).

Quant à la solidarité intracommunautaire, celle-ci est exercée via des aspects pratiques du quotidien des nouveaux arrivants (documents, hébergements). Il est très fréquent que les nouveaux arrivants soient hébergés, pendant la période initiale, dans le domicile d'un autre immigrant déjà installé. Dans ce cas, nous pouvons nous référer à la théorie des réseaux migratoires (Massey et al., 1988 :448). Selon cette théorie, les réseaux sont un ensemble de liens interpersonnels qui connectent les immigrants et les non-immigrants dans l’endroit d’origine et de destination. Ces personnes sont liées par des liens familiaux, d’amitié, ou encore de lieu d’origine commune.

« Je connaissais quelqu’un à Toronto et cette personne [un Brésilien] avait un ami [Brésilien] à Montréal qui louait une chambre. Nous avons échangé sur Skype. Il nous a beaucoup aidé. Nous sommes restés chez lui 6 mois. Ensuite, par indication d’un autre brésilien, on a loué un appart d’un Brésilien qui passait son bail » (Interlocuteur 7).

« C'est une Brésilienne qui a diffusé le poste de travail sur [la communauté] Facebook, j'ai envoyé mon CV et ça a bien marché » (Interlocuteur 2).

En situation post-migratoire, le réseau formé par les communautés virtuelles a favorisé l’accès au marché de travail ainsi qu’au logement. L’échange d'informations pertinentes aux parcours migratoires de nos interlocuteurs a été facilité par les réseaux sociaux virtuels. Ces informations ont été très importantes au moins dans la période initiale, en favorisant l’obtention d’un emploi ou d’un logement à court terme.

 

Conclusion

          Ces dernières années, les Etats ont changé leurs postures par rapport à leurs citoyens à l’étranger. L’un des signes de ce changement est l'extension des droits aux citoyens expatriés, en particulier le droit de vote, marqué par une vague d'adoption de politiques de vote à l'étranger mis en œuvre par les pays d'origine de ces immigrants. Le droit de vote se révèle comme une des dimensions de la citoyenneté transnationale où les Etats d'origine des immigrants révèlent leur volonté de reconnaître les migrants comme des individus appartenant à deux communautés politiques, sans pour autant avoir la nécessité de choisir entre ces deux communautés. Même si cette reconnaissance n'est pas désintéressée et considérée comme stratégique, elle est importante d’un point de vue symbolique, puisque ces individus, auparavant exclus de la participation citoyenne ont assuré leurs droits en tant que membres d'une collectivité politique.

Les changements positifs dans la relation entre l’Etat brésilien et ses immigrants produits au long de ces vingt dernières années sont le résultat de cette reconnaissance où les émigrants sont considérés comme des acteurs politiques. Comme nous l'avons souligné tout au long de ce texte, les intérêts de l'État brésilien vis-à-vis de ses citoyens à l’étranger ont conduit l'Etat d’origine à étendre les droits de ces citoyens en dehors de ses frontières. La majorité de ces droits ont été le résultat de mesures venues de « haut », sans être le résultat de l’activisme des émigrants. En effet, les politiques d’engagement, telles que la création du Conseil de Citoyens ou encore les ententes sur la retraite ou la sécurité sociale ont été des réalisations du pouvoir exécutif ou législatif du gouvernement fédéral. Les directives plus « symboliques », comme l’organisation des conférences des communautés brésiliennes à l'étranger et le Conseil de Citoyens sont encore dans leur phase de consolidation, mais les perspectives sont qu'elles deviennent plus fortes, car elles représentent l’institutionnalisation de canaux de dialogue reliant l'État brésilien à ses communautés à l'étranger.

En ce qui concerne les Brésiliens au Québec, la situation se montre assez particulière par rapport aux autres communautés brésiliennes à l'étranger. Très peu d’immigrés ont connaissance de l’existence de ces canaux de dialogue entre l’Etat et la société. Si le droit de est un devoir au Brésil, les émigrants brésiliens votent parce qu'ils ont la contrainte de voter.

Par ailleurs, d'autres droits disponibles aux migrants, comme la participation aux conseils de représentants des communautés, sont encore peu connus de ces émigrants, ainsi que les accords bilatéraux entre le Brésil et le Québec. Probablement la méconnaissance des canaux de dialogue entre l'État et les émigrants est le résultat de caractère très récent à la fois de création de ces mécanismes et des flux migratoires des Brésiliens au Québec.

Finalement, il est intéressant de noter que, même en l'absence d'organisations formelles qui regroupent ces immigrants, les organisations informelles, telles que les communautés virtuelles sur les réseaux sociaux en ligne, mettent les migrants en contact, permettant, ainsi l’exercice de la solidarité intracommunautaire. Cette solidarité peut être exercée à la fois dans la période initiale d’installation au Québec, mais aussi dans l'insertion sur le marché du travail à court terme.

Les canaux de dialogue entre l’Etat et les expatriés ont été créés assez rapidement comparé à la situation d’autres groupes d’immigrants qui, malgré leur activisme ont encore un très long chemin à faire afin d’être reconnus comme appartenant à la communauté politique du pays d’origine. A ce stade, nous nous posons la question suivante : Quelles sont les limites et les possibilités de la citoyenneté transnationale ? L'élection des représentants des expatriés brésiliens au pouvoir législatif, ainsi comme en France, serait-elle une revendication valide si l'on tient compte du manque d'intérêt manifesté par nos interviewés ?

 

Notes

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(1) Nous définissons comme expatrié, un individu qui vit en dehors de son pays de naissance.

(2) Des pays comme le Brésil, l'Argentine, les Etats-Unis, la France, l'Espagne, l'Autriche, le Sénégal, le Mozambique, l'Egypte, l'Australie, l'Inde, le Japon, l'Irak, l'Afghanistan, la Turquie, ont mis en œuvre des politiques de vote à l'étranger. Une liste de ces pays peut être trouvée dans Nohlen et Grotz (2000) et Lafleur (2013).

(3) Selon l'ONU, le stock de la population immigrée est de près de 215 millions de personnes (ONU, 2008). Un exemple paradigmatique est le Mexique, qui a l'équivalent de plus de 10% de ses électeurs vivant à l'étranger (Tager, 2006 : 36). Un autre facteur important est la croissance des transferts de fonds des migrants vers leurs pays d'origine. Selon la Banque Mondiale en 2012 flux des transferts de fonds vers les pays en développement a atteint 401 milliards de dollars, ce qui a représenté une augmentation de près 5.3% par rapport l'année précédente. Dans certains pays, l'argent reçu par ce biais représente plus de trois fois le volume de l'aide publique au développement (Banque Mondiale, 2013). Disponible sur : http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/NEWS/0,,contentMDK:20648762~pagePK:64257043~piPK:437376~theSitePK:4607,00.html

(4) En outre, nous ajoutons l’intérêt politique. En effet, les immigrés peuvent offrir la possibilité de créer une force politique dans le pays de l'installation afin de protéger les intérêts du pays d'origine.

(5) Disponible sur : http://www.migrationinformation.org/Feature/display.cfm?ID=579. Consulté le 18 septembre 2013.

(6) Selon Anderson (1991 :6), la « communauté imaginée » est liée à la notion de nation. La Nation « est une communauté politique imaginée intrinsèquement limitée et souveraine. Elle est imaginée parce que les membres de cette communauté ne jamais sauront, trouveront ou entendront parler de la majorité de ses membres. Cependant, pour eux, ils font partie de la même communion » (Anderson, 1991 :6)

(7) Pour plus de détails, consulter Padilla (2011).

(8) L'immigration des Brésiliens au Japon s'avère une immigration de retour. Les Brésiliens au Japon sont majoritairement des descendants de Japonais qui ont immigré au Brésil au cours du XXe siècle.

(9) Ici, nous n'incluons pas le flux des Brésiliens au Paraguay, qui est le résultat de l'expansion de la frontière agricole brésilienne.

(10) Entre 1964 et 1985 la dictature militaire a été installée au Brésil et les premières élections présidentielles directes post-dictature n'ont eu lieu qu’en 1989. Ainsi, le droit de vote à tous les citoyens y compris les expatriés n'a été effectivement mis en pratique qu'en 1989 (Chelius, 2007: 209).

(11) Entre les élections de 2006 et 2010, le nombre d'électeurs inscrits a augmenté de 132%, passant de 86.255 à 200.392 (Reis, 2011 :51).

(12) Source: Site Internet du Tribunal supérieur électoral (en portugais). Disponible sur: http://www.tse.jus.br/ Consulté le 04 septembre 2013.

(13) « Les petits Brésiliens apatrides».

(14) Créée en Suisse par le Brésilien Rui Martins, cette association est considérée comme l’une des premières manifestations internationales de l’union des émigrés brésiliens.

(15) En portugais « Programa de Apoio aos Brasileiros no Exterior ».

(16) Ces propositions concernaient la réduction des taxes sur les transferts de fonds à destination du Brésil, ainsi que l'amélioration du personnel des postes consulaires à l'étranger.

(17) Carta aos brasileiros longe de casa.

(18) Ces valeurs sont d'une grande importance pour l'économie de certaines villes. Cependant, ils représentent à peine 1% du PIB brésilien.

(19) En portugais : « Documento de Lisboa ».

(20) En 2013, le décret présidentiel de 2010 a été mis au point ces « Conférences » en dépit d’avoir lieu tous les deux ans depuis 2008, c'est seulement en 2013 que ce dispositif a été institutionnalisé par le pouvoir exécutif. En outre, au-delà de l'institutionnalisation de la conférence en définissant ses principes et objectifs, ce même décret balise les actions concrètes et les relations entre l'État et ses citoyens.

(21) Composé de résidents permanents [les immigrants] qui sont «les personnes qui sont ou étaient des immigrants admis au Canada. Un immigrant est une personne à qui les autorités de l'immigration ont accordé le droit de résider en permanence au Canada » (Statistique Canada, 2006). De cette catégorie sont exclus les résidents non permanents - titulaires d'un visa d'études, de travail ou ceux qui revendiquent le statut de réfugié (Statistique Canada, 2006). Toutefois, selon les estimations du Brésil, l’effectif de Brésiliens serait composé par plus de 30 mille personnes, dans sa majorité des immigrés en situation illégale (Goza, 1999; Brasch, 2010 ; MRE, 2011).

(22) Jusqu'en 1987, les Brésiliens étaient exemptés de visa pour entrer au Canada.

(23) Bien que d'autres accords aient été signés avant l'accord de 1990, notamment après la « Révolution Tranquille », ils se situent au long d'un continuum qui révèle d'avantage le processus d'évolution de l'implication du Québec en matière d'immigration. Pour plus de détails, voir Thérien, Bélanger et Gosselin (1994), Juteau (2000) et Piché (2003).

(24) D’après l’Accord de 1990 (…) « Le présent accord vise, entre autres, à préserver le poids démographique du Québec au sein du Canada et à assurer une intégration des immigrants dans la province respectueuse de son caractère distinct ». En effet, ce néologisme politique fait référence aux caractéristiques que font du Québec une société distincte du reste du Canada. Cette distinction se réfère aux caractéristiques culturelles et linguistiques qui distinguent le Québec du reste du Canada, telles que la langue et la culture françaises.

(25) La Révolution tranquille s’est caractérisée par une réorientation de l'État québécois marquée par la mise en place d'une effective séparation entre l'Église catholique et l'État et la construction d'une nouvelle identité nationale québécoise (pour plus de détails, consulter Courtois, 2008).

(26) Le terme « Brain drain » fait référence à la sortie de professionnels hautement qualifiés de pays en développement vers les pays plus développés (Meyer, 2001).

(27) L'enquête a été annoncée sur le réseau social en ligne « Orkut ». «Orkut est un site de réseau social en ligne. Il n'est pas comme Facebook. Il a été créé par Google et porte le prénom de son créateur turc, Orkut Büyükkökten. Orkut a été lancé en Janvier 2004 et est rapidement devenu très célèbre au Brésil» (Oosterbaan, 2010 : 1).

(28) Le Statistique Canada définit « immigrant récent » celui qui est arrivé il y a moins de cinq ans (Statistique Canada, 2008).

(29) Actuellement, il existe seulement trois bureaux de migration installés à l'extérieur du Québec - en France, au Mexique et à Hong Kong.

 

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Pour citer cet article

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