NUMERO A PARAITRE FÉVRIER 2024

 

RITA 16

Appel à contributions en français - Llamada a contribuciones en español - Call for papers in English - Chamada para contribuções em português

APPEL À CONTRIBUTIONS - RITA N°16

Crises dans les Amériques

Les crises sont généralement appréhendées comme des situations subies, des situations inattendues et contingentes. Depuis plusieurs années, expert.e.s et chercheurs.cheuses se sont toutefois intéressés à leur production ; les sociétés humaines, les secteurs financiers, les entreprises ou encore les Etats produisent-ils les crises ? (Chobeaux et al. 2017).  Selon les définitions communes, la crise désigne une pénurie, un moment difficile dans la vie humaine et l'organisation sociale, une situation de trouble ou la rupture d’un équilibre. 

Dans ce numéro de RITA nous souhaitons interroger la production de ces phénomènes que l’on nomme crises, du « laisser-faire » à la « négligence » ; de la banalisation de la crise dans les discours médiatiques ou académiques aux procédés d’énonciation des pouvoirs publics. En « temps de crise », ces derniers justifieront plus directement l’imposition de mesures sociales, économiques voire militaires. Tel est le cas par exemple des expulsions et du démantèlement des bidonvilles (Aguilera, Bouillon, Lamotte, 2018) ou de la mise à disposition des forces de l’ordre au service des compagnies minières dont l’activité est menacée ou ralentie par des conflits sociaux (Hervé-Huamaní, 2021). 

La crise de la Covid-19 a eu et aura des résonances dans nos manières de penser et de faire de la recherche. Les terrains, devenus en partie inaccessibles « en présentiel », auront sans doute fait bondir l’importance de ce que les adeptes des méthodes qualitatives ont toujours repoussé : la « data ». Ainsi au travail quotidien à l’université, dans les transports ou dans l’organisation familiale, se sont mises en place des logistiques précaires. 

Souvent adoptées dans l’urgence, les nouvelles organisations de nos temporalités quotidiennes ont donc fait se chevaucher des dimensions que nous avons constamment cherché à distinguer ; voilà que le temps de travail envahit le cocon familial et que les enfants s’invitent dans des réunions cruciales. A l’échelle individuelle, la crise - nourrie, illustrée, relayée, officialisée par nombre d’experts, de décideurs et de médias nationaux et mondiaux - a recomposé l’organisation quotidienne. Encore deux ans après son apparition officielle, la crise de la Covid-19 résonne dans l’éducation des écoliers et des étudiants universitaires, sur l’organisation du travail, ou encore sur le temps de loisir, et nous ignorons encore les traces plus globales que toutes ces « vagues » auront laissé sur les plans sociaux, politiques, économiques ou symboliques. A travers la crise, nous souhaitons aussi nous intéresser sur ses résonances, et les manières dont les crises continuent à « vivre » dans les discours, dans les organisations, dans les représentations, voire dans les rêves.

Ces temps de pandémie mondiale et de confinement ont aussi donné des ailes à un humour aussi noir que nécessaire dans les réseaux sociaux. A l’instar des mots de Bruno Latour2 et de bien d’autres, cette crise doit également être mise à profit pour mieux penser nos organisations sociales et nos relations au vivant, mais aussi pour remettre en question nos pratiques citoyennes et de consommation. Le confinement, et la paralysation des activités humaines, polluantes, a également montré ce que la décroissance pouvait produire, nourrissant ainsi le débat sur la crise environnementale et les discours plus critiques appelant, pour contrer la crise, à « inventer un art du démantèlement » (Monin, Landivar, Bonnet, 2021). 

Si la pandémie et les confinements nous ont motivés à consacrer ce numéro de RITA aux crises, nous voulons mettre à profit ce contexte toujours latent et incertain pour penser la crise dans une dimension large. L’invasion de l’Ukraine par la Russie – et les nombreuses conséquences globales en termes d’énergie, de diplomatie et de disponibilité de matières premières – pousse d’ailleurs à le faire. L'inflation croissante, phénomène bien connu des pays du sud, met aujourd’hui le monde sous tension. 

Dans les Amériques, la crise sociale et politique chilienne s’est estompée après les importantes émeutes de 2019 et la demande populaire et soutenue de changement de la Constitution. C’est désormais le Pérou qui apparaît en premier plan avec une crise politique profonde, exacerbée depuis l’élection de Pedro Castillo, mais qui n'est que l’illustration convenue d’une crise plus profonde, politique, économique et sociale. 

Plus largement, du local au global, qu’elle soit sociale, religieuse, politique ou financière, ou qu’elle touche le monde de l’édition, du cinéma, de la science ou de l’architecture, l’énonciation d’une situation de crise est souvent un appel tacite au changement voire à la révolution. Car, bien que notre attention ait été happée pendant deux ans par « la » crise, nous avons pu constater que les réflexions qu’elle engendrait nous poussaient à élargir nos perspectives et nos projections de futur : les thématiques liées à la crise environnementale, aux modes de consommation, et aux économies extractivistes sont sous-jacentes et sollicitent de plus en plus l’intérêt citoyen, même si les lignes politiques ne bougent pas davantage pour autant. 

Que « la » crise ne cache pas les autres !

En effet, si la crise globale n’a pas effacé les crises nationales et locales, elle les a sans doute exacerbées. Nous souhaitons donc que ce numéro permette de revenir avec un nouveau regard et dans un nouveau contexte, sur la crise politique et humanitaire au Venezuela, sur la crise écologique et humaine en Amazonie, sur les crises politiques récentes du Chili, de l’Equateur, du Pérou ou de la Colombie, ou encore, aux Etats-Unis, après l’invasion du Capitole en janvier 2021, ou le Mouvement des camions au Canada plus récemment. 

Mais les crises ne sont-elles qu’une affaire de chiffres et de discours à l’échelle nationale ou globale ? Nous souhaitons également mettre le doigt sur les crises locales, celles qui restent invisibles pour les pouvoirs publics, ou que ces derniers contribuent à invisibiliser. Ces dernières sont moins conséquentes financièrement, considérées comme moins importantes socialement ou invisibilisées par la culture subalternisée de ceux et celles qui la subissent. Comment par exemple les peuples autochtones brésiliens perçoivent-ils la pression permanente des grands industriels sur leurs espaces historiques ? Qu’en est-il de cette situation avec le gouvernement de Jair Bolsonaro ? Quelles sont les crises des populations subalternisées ? Comment l’évoquent-ils et comment les vivent-ils ? Nous pourrons également nous interroger sur les résonances des grands projets de développement qui impliquent des déplacements forcés de population. Ces crises sont engendrées par des projets pourtant considérés comme vertueux. 

On peut en effet s’interroger sur ce que produisent les grands projets d’aménagement ou de développement dans l’organisation, dans l’économie, mais aussi les perceptions, les discours ou dans les représentations oniriques des populations riveraines, souvent paysannes ou autochtones. Si la crise n’est pas explicitement énoncée à l’échelle locale, n’est-elle pas simplement vécue ? Comment est-elle alors évoquée par la population ? Comment est-elle perçue par les chercheurs et quels procédés méthodologiques permettent de la percevoir ? 

Dans ce sens, Pascale Absi (2010) montre par exemple comment les mineurs coopérativistes boliviens, victimes de la crise financière de 2008 ont appris à « faire avec » une situation de crise prolongée dans leur secteur. La crise prolongée devient ici une situation économique « normalisée », intégrée aux stratégies individuelles et familiales quotidiennes. Ce que ces mineurs considèrent désormais comme la « vraie » crise est lié aux capacités vitales ; à la maladie ou à la mort. 

Quelles ressources mobilisent alors les acteurs pour surmonter les difficultés des conditions de « crise », pour les contourner, ou pour les ignorer ? En effet, si l’on enjoint le plus souvent les individus et les institutions à la résilience pour aller de l’avant, le « faire avec » traduit sans doute de manière plus pragmatique les capacités réelles de réponses sociales ou politiques pour un « retour à la normale » parfois utopique, à condition que celui-ci soit véritablement souhaité. 

Nous nous intéresserons enfin dans ce numéro à comprendre comment se préparent ou s’anticipent les crises (les survivalistes n’ont certainement jamais été aussi confortés dans leur « préparation » qu’aujourd’hui, entre le Covid, la géopolitique globale et le climat), ou comment se prédisent ou s’expliquent les crises dans le domaine des croyances religieuses, des sectes ou de la sorcellerie (Ballet, Dumbi, Lallau, 2009) mais aussi à travers des sciences ou des algorithmes, comment elles se déplorent ou comment elles se « pansent » tant dans le domaine religieux ou politique que social. Comment se construisent-elles, également, lorsque, une fois énoncées, elles sont employées comme des arguments pour des décisions politiques nouvelles ? Comment se forment-elles, d’ailleurs, lorsqu’elles sont provoquées par des décisions politiques sur le temps long plutôt que par des aléas climatiques ? Qu’en est-il d’ailleurs de ces crises qualifiées de « nécessaires » a posteriori par certains acteurs, qui aboutissent en des mobilisations citoyennes sans précédent ou des révolutions étudiantes ? Qui agit et qu’est ce qui se joue dans ces crises ? Comment sont-elles, enfin, « lisibles » par la population et par les chercheurs ? 

La situation actuelle du Covid-19 qui inspire ce numéro, soulève ainsi de nombreuses interrogations sur les crises parfois évoquées comme des « catastrophes annoncées » ; autant de régimes d’énonciation qui s’appliquent au domaine sanitaire autant qu’à celui du sport et des championnat nationaux, à l’enseignement et à la recherche ou au marché éditorial.

Le numéro 16 de RITA sera publié en février 2024.

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Références bibliographiques
Absi Pascale (2010). « La parte ideal de la crisis: Los mineros cooperativistas de Bolivia frente a la recesión », Cuadernos de antropología social, 2010, n° 31 : 33-54.
Aguilera Thomas, Florence Bouillon, Martin Lamotte (2018). « Politiques de l’expulsion : acteurs, enjeux, effets », l’année sociologique, vol n°68, n°1 : 11-38.
Ballet Jérôme, Dumbi Claudine, Lallau Benoît (2009). « Enfants sorciers à Kinshasa (RD Congo) et développements des églises du réveil », Mondes en développement, n°146 : 47-58.
Blouin Cécile (Ed.) (2019). Después de la llegada. Realidades de la migración venezolana, Thémis, editorial jurídica, IDEHPUCP, Lima.
Chateauraynaud Francis (2013). « Des prises sur le futur. Regard analytique sur l’activité visionnaire ». Dans Dominique Bourg, Pierre-Benoît Joly et Alain Kaufmann (eds.), Du risque à la menace. Penser la catastrophe, Paris, Presses Universitaires de France (coll. « L’écologie en question ») : 287-310.
Chobeaux François, Leyreloup Anne-Marie, Maraquin Carine, Ryboloviecz David et Van Aertryck Gilles (2017). « Des catastrophes pas si naturelles que cela », VST - Vie sociale et traitements, vol. 136, n°4 : 3-4.
Doran Marie-Christine (2015). « Criminalisation de l’Action Collective dans la Crise Actuelle des Droits Humains en Amérique Latine », Hors-série, Revue québécoise de droit international : 221-246.
Grandazzi Guillaume et Lemarchand Frédérick (2005). Témoins du futur : vivre avec la catastrophe, Esthétique du témoignage, Éditions de la Maison des sciences de l’homme : 317-332.
Hervé-Huamaní Bruno (2021). « Las metamorfosis de la criminalización. Disuadir y castigar la disidencia contra la minería en el Perú ». Dans Bedoya Forno et alii (Ed.), Huellas y persistencias del conflicto armado en el Perú contemporáneo, Lima, Punto cardinal : 257-281.
Houdart Sophie (2020). « En déroute. Enquêter non loin de la centrale de Fukushima Daiichi, Japon », SociologieS, URL : http://journals.openedition.org/sociologies/14049 ; DOI : https://doi.org/10.4000/sociologies.14049
Houdart Sophie, Manceron Vanessa et Revet Sandrine (2015). « Connaître et se prémunir. La logique métrique au défi des sciences sociales », Ethnologie française, 2015, vol. 45, n° 1 : 11-17.
Langumier Julien et Revet Sandrine (2011). « Une ethnographie des catastrophes est-elle possible ? Coulées de boue et inondations au Venezuela et en France », Cahiers d’anthropologie sociale, vol. 7, n° 1 : 77-90.
Monin Alexandre, Landivar Diego, Bonnet Emmanuel (2021). Héritage et fermeture ; une écologie du démantèlement, Paris, Divergences.
Moore John (Ed.) (2016). « Introduction ». Dans Anthropocene or Capitalocene. Nature, History, and the Crisis of Capitalism, California, PM. Press :1-11.
Moreau Yoann (2017). Vivre avec les catastrophes, Paris cedex 14, Presses Universitaires de France (coll. « L’écologie en question »), 392 p.

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LLAMADA A CONTRIBUCIONES - RITA N°16

Crisis en las Américas

Las crisis se entienden generalmente como situaciones sufridas, inesperadas y contingentes. Sin embargo, desde hace varios años, expertes e investigadores se interesan por su producción; ¿las sociedades humanas, los sectores financieros, las empresas o incluso los Estados producen crisis? (Chobeaux et al., 2017). Según las definiciones habituales, la crisis se refiere a una carencia, un momento difícil en la vida humana y la organización social, una situación de perturbación o la ruptura de un equilibrio.

En este número de RITA queremos examinar la producción de estos fenómenos que llamamos crisis, desde le “laissez-faire” hasta la “negligencia”; desde la banalización de la crisis en el discurso mediático o académico hasta los procesos de enunciación de los poderes públicos. En “tiempos de crisis”, esta última justificará más directamente la imposición de medidas sociales, económicas o incluso militares. Es el caso, por ejemplo, de los desalojos y el desmantelamiento de poblados chabolistas (Aguilera, Bouillon, Lamotte, 2018) o la puesta a disposición de las fuerzas del orden al servicio de las empresas mineras cuya actividad se ve amenazada o frenada por los conflictos sociales (Hervé Huamaní, 2021).

La crisis del Covid-19 ha tenido y seguirá teniendo un impacto en nuestras formas de pensar y hacer investigación. Los terrenos de investigación, que se han vuelto parcialmente inaccesibles “en persona”, habrán aumentado sin duda la importancia de lo que los seguidores de los métodos cualitativos siempre han rechazado: los “datos”. Así, en el trabajo diario en la universidad, en el transporte o en la organización familiar, se han establecido logísticas precarias.

Adoptada a menudo con carácter de urgencia, la nueva organización de nuestra vida cotidiana ha conducido a la superposición de dimensiones que hemos tratado de distinguir constantemente; ahora el tiempo de trabajo invade el núcleo familiar y les niñes aparecen en reuniones cruciales. A nivel individual, la crisis – alimentada, ilustrada, retransmitida y oficializada por una serie de expertos, responsables y medios de comunicación nacionales y mundiales – ha recompuesto la organización cotidiana. Dos años después de su aparición oficial, la crisis de Covid-19 sigue reverberando en la educación de escolares y universitaries, en la organización del trabajo, o incluso en el tiempo de ocio, y aún no somos conscientes de las huellas más globales que todas estas “olas” habrán dejado en el plano social, político, económico o simbólico. A través de la crisis, también queremos observar sus resonancias, y las formas en que las crisis siguen “viviendo” en los discursos, en las organizaciones, en las representaciones, e incluso en los sueños.

Estos tiempos de pandemia y contención global también han dado alas a un humor tan negro como necesario en las redes sociales. Siguiendo las palabras de Bruno Latour y de muchos otros, esta crisis debe servir para reflexionar mejor sobre nuestras organizaciones sociales y nuestras relaciones con los seres vivos, pero también para cuestionar nuestras prácticas ciudadanas y de consumo. La contención y la paralización de las actividades humanas que contaminan también ha mostrado lo que puede producir el decrecimiento, alimentando así el debate sobre la crisis medioambiental y los discursos más críticos que piden, para contrarrestar la crisis, “inventar un arte del desmantelamiento” (Monin, Landivar, Bonnet, 2021).

Si bien la pandemia y los confinamientos nos han motivado a dedicar este número de RITA a las crisis, queremos aprovechar este contexto aún latente e incierto para pensar la crisis en una dimensión amplia. La invasión de Ucrania por parte de Rusia- y las numerosas consecuencias globales en términos de energía, diplomacia y disponibilidad de materias primas- es un incentivo para hacerlo. La creciente inflación, un fenómeno bien conocido por los países del Sur, está poniendo en aprietos al mundo.

En América, la crisis social y política chilena se ha desvanecido tras los grandes disturbios de 2019 y la sostenida demanda popular de cambio constitucional. Ahora es Perú el que sale a la palestra con una profunda crisis política, exacerbada desde la elección de Pedro Castillo, pero que no es más que la conveniente ilustración de una crisis política, económica y social más profunda.

En términos más generales, desde lo global, ya sea social, religioso, político o financiero, o si afecta al mundo de la edición, el cine, la ciencia o la arquitectura, la declaración de una situación de crisis es, a menudo, una llamada tácita al cambio o incluso a la revolución. Aunque nuestra atención se ha visto atrapada durante dos años por “la” crisis, hemos observado que las reflexiones que ha suscitado nos han empujado a ampliar nuestras perspectivas y nuestras proyecciones de futuro: los temas relacionados con la crisis medioambiental, los modelos de consumo y las economías extractivas subyacen y solicitan cada vez más el interés de les ciudadanes, aunque las líneas políticas no se muevan.

¡No dejemos que “la” crisis oculte a las demás!

De hecho, aunque la crisis mundial no ha borrado las crisis nacionales y locales, sin duda las ha exacerbado. Por ello, esperamos que este número nos permita dar una nueva mirada a la crisis política y humanitaria en Venezuela, a la crisis ecológica y humana en la Amazonía, a las recientes crisis políticas en Chile, Ecuador, Perú y Colombia o en Estados Unidos, tras la invasión del Capitolio en enero de 2021, y al Movimiento Camionero en Canadá, más recientemente.

Pero, ¿las crisis son solo una cuestión de cifras y de discurso a escala nacional o mundial? También queremos centrarnos en las crisis locales, aquellas que permanecen invisibles para los poderes públicos, o que éstos contribuyen a hacer invisibles. Estas crisis son menos significativas desde el punto de vista financiero, se consideran menos importantes desde el punto de vista social o se hacen invisibles por la cultura subalterna de quienes las sufren. ¿Cómo perciben, por ejemplo, los pueblos indígenas brasileños la presión permanente de los grandes industriales sobre sus espacios históricos? ¿Cuál es la situación del gobierno de Jair Bolsonaro? ¿Cuáles son las crisis de las poblaciones subalternizadas? ¿Cómo hablan de ello y cómo lo viven? También podremos cuestionar la resonancia de los grandes proyectos de desarrollo que implican desplazamientos forzados de población. Estas crisis están provocadas por proyectos que se consideran virtuosos.

En efecto, podemos preguntarnos qué producen los grandes proyectos de planificación o desarrollo en la organización, la economía, pero también en las percepciones, los discursos o las representaciones oníricas de las poblaciones locales, a menudo campesinas o indígenas. Si la crisis no se manifiesta explícitamente a nivel local, ¿no se experimenta simplemente? ¿Cómo lo evoca entonces la población? ¿Cómo lo perciben les investigadores y qué procedimientos metodológicos permiten percibirlo?

En este sentido, Pascale Absi (2010) muestra, por ejemplo, cómo los mineros cooperativistas bolivianos, víctimas de la crisis financiera de 2008, han aprendido a lidiar con una situación de crisis prolongada en su sector. La crisis prolongada se convierte en una situación económica “normalizada”. Integrada en las estrategias cotidianas individuales y familiares. Lo que estos mineros consideran ahora la “verdadera” crisis está relacionado con las capacidades vitales; con la enfermedad o con la muerte.

¿Qué recursos movilizan les actores para superar las dificultades de las condiciones de “crisis”, para sortearlas o para ignorarlas? En efecto, si bien a les individues y a las instituciones se les pide con frecuencia que sean resilientes para poder seguir adelante, “lidiar con ello” traduce sin duda de forma más pragmática las capacidades reales de las respuestas sociales o políticas para una a veces utópica “vuelta a la normalidad”, siempre que ésta sea realmente deseada.

Por último, en este número, nos interesa comprender cómo se preparan o anticipan las crisis (ciertamente, les preparacionistes nunca han estado tan segures de su “preparación” como ahora, entre Covid-19, la geopolítica mundial y el clima) o cómo se predicen o explican las crisis en el ámbito de las creencias religiosas, las sectas o la brujería (Ballet, Dumbi, Lallau, 2009), sino también a través de la ciencia y de los algoritmos, cómo se deploran o cómo se “curan” en los ámbitos religioso, político y social. ¿Cómo se construyen también cuando, una vez enunciadas, se utilizan como argumentos para nuevas decisiones políticas? ¿Cómo se forman, además, cuando son provocadas por decisiones políticas a lo lago del tiempo y no por riesgos climáticos? ¿Qué pasa con esas crisis que algunos actores califican de “necesarias” a posteriori y que dan lugar a movilizaciones ciudadanas o revoluciones estudiantiles sin precedentes? ¿Quién actúa y qué está en juego en estas crisis? ¿Cómo son “legibles” para la población los investigadores?

La situación actual de Covid-19, que inspira este número, plantea muchos interrogantes sobre las crisis a veces denominadas “catástrofes anunciadas”; tantos regímenes de enunciación que se pueden aplicar tanto desde el ámbito sanitario como al deporte y los campeonatos nacionales, pasando por la enseñanza y la investigación o el mercado editorial.

El número 16 de RITA será publicado en febrero 2024.

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Referencias bibliográficas

Absi Pascale (2010). « La parte ideal de la crisis: Los mineros cooperativistas de Bolivia frente a la recesión », Cuadernos de antropología social, 2010, n° 31 : 33-54.
Aguilera Thomas, Florence Bouillon, Martin Lamotte (2018). « Politiques de l’expulsion : acteurs, enjeux, effets », l’année sociologique, vol n°68, n°1 : 11-38.
Ballet Jérôme, Dumbi Claudine, Lallau Benoît (2009). « Enfants sorciers à Kinshasa (RD Congo) et développements des églises du réveil », Mondes en développement, n°146 : 47-58.
Blouin Cécile (Ed.) (2019). Después de la llegada. Realidades de la migración venezolana, Thémis, editorial jurídica, IDEHPUCP, Lima.
Chateauraynaud Francis (2013). « Des prises sur le futur. Regard analytique sur l’activité visionnaire ». Dans Dominique Bourg, Pierre-Benoît Joly et Alain Kaufmann (eds.), Du risque à la menace. Penser la catastrophe, Paris, Presses Universitaires de France (coll. « L’écologie en question ») : 287-310.
Chobeaux François, Leyreloup Anne-Marie, Maraquin Carine, Ryboloviecz David et Van Aertryck Gilles (2017). « Des catastrophes pas si naturelles que cela », VST - Vie sociale et traitements, vol. 136, n°4 : 3-4.
Doran Marie-Christine (2015). « Criminalisation de l’Action Collective dans la Crise Actuelle des Droits Humains en Amérique Latine », Hors-série, Revue québécoise de droit international : 221-246.
Grandazzi Guillaume et Lemarchand Frédérick (2005). Témoins du futur : vivre avec la catastrophe, Esthétique du témoignage, Éditions de la Maison des sciences de l’homme : 317-332.
Hervé-Huamaní Bruno (2021). « Las metamorfosis de la criminalización. Disuadir y castigar la disidencia contra la minería en el Perú ». Dans Bedoya Forno et alii (Ed.), Huellas y persistencias del conflicto armado en el Perú contemporáneo, Lima, Punto cardinal : 257-281.
Houdart Sophie (2020). « En déroute. Enquêter non loin de la centrale de Fukushima Daiichi, Japon », SociologieS, URL : http://journals.openedition.org/sociologies/14049 ; DOI : https://doi.org/10.4000/sociologies.14049
Houdart Sophie, Manceron Vanessa et Revet Sandrine (2015). « Connaître et se prémunir. La logique métrique au défi des sciences sociales », Ethnologie française, 2015, vol. 45, n° 1 : 11-17.
Langumier Julien et Revet Sandrine (2011). « Une ethnographie des catastrophes est-elle possible ? Coulées de boue et inondations au Venezuela et en France », Cahiers d’anthropologie sociale, vol. 7, n° 1 : 77-90.
Monin Alexandre, Landivar Diego, Bonnet Emmanuel (2021). Héritage et fermeture ; une écologie du démantèlement, Paris, Divergences.
Moore John (Ed.) (2016). « Introduction ». Dans Anthropocene or Capitalocene. Nature, History, and the Crisis of Capitalism, California, PM. Press :1-11.
Moreau Yoann (2017). Vivre avec les catastrophes, Paris cedex 14, Presses Universitaires de France (coll. « L’écologie en question »), 392 p.

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CALL FOR PAPERS – RITA 16

Crisis in the Americas

Crises are generally understood as undesirable, unexpected and contingent situations. However, for several years, experts and researchers have been interested in their production. Do human societies, financial sectors, companies or even States produce crises? (Chobeaux et al. 2017). According to common definitions, a crisis refers to a shortage, a difficult moment in human life and social organization, a situation of disorder or the breakdown of an equilibrium.

In this issue of RITA, we wish to question the production of these phenomena that are called crises, from "laissez-faire" to "negligence"; from the banalization of the crisis in media or academic discourse to the enunciation processes of public authorities. In "times of crises", they will justify more directly the imposition of social, economic or even military measures. This is the case, for example, of evictions and the dismantling of shanty towns (Aguilera, Bouillon, Lamotte, 2018) or the provision of law enforcement forces to mining companies whose activity is threatened or slowed down by social conflicts (Hervé-Huamaní, 2021).

The Covid-19 crisis has had and will continue to have an impact on our ways of thinking and doing research. The fields, which have become partly inaccessible "in person", will undoubtedly have increased the importance of what the followers of qualitative methods have always rejected: "data". Thus, in daily work at the university, in transport or in family organization, precarious logistics have been put in place. Often adopted in a hurry, the new organizations of our daily temporalities have overlapped dimensions that we have constantly tried to distinguish: work time is invading the family cocoon and the children are inviting themselves into crucial meetings. At the individual level, the crisis – which is fed, illustrated, relayed, and formalized by a number of experts, decision-makers, and national and global media – has restructured daily organizations. Two years after its official appearance, the Covid-19 crisis still has an echo on the education of children and university students, on the organization of work, or even on leisure time, and we still do not know the more global impacts that all these "waves of Covid" have left on the social, political, economic or symbolic levels. Through the crisis, we also want to look at how it resonates, and the ways in which crises continue to "live" in discourses, in organizations, in representations, and even in dreams. These times of global pandemic and lockdowns have also given wings to black humor on social networks. According to the words of Bruno Latour and many others, this crisis must also be used to better think about our social organizations and our relationship with the living beings, but also to question our citizen and consumer practices. The lockdowns and paralysis of polluting human activities have also shown what degrowth can produce, thus feeding the debate on the environmental crisis and the more critical discourses in favor of "inventing an art of dismantling" (Monin, Landivar, Bonnet, 2021).

If the pandemic and the lockdowns have motivated us to devote this issue of RITA to crises, we want to take advantage of this still latent and uncertain context to think about the crisis in a broad dimension. Russia's invasion of Ukraine – and the many global consequences in terms of energy, diplomacy and availability of raw materials – is an incentive to do so. Rising inflation, a phenomenon well known to the countries of the South, is now putting the world under stress.

In the Americas, Chile's social and political crisis has faded after the major riots of 2019 and the sustained popular demand for constitutional change. It is now Peru that is coming to the forefront with a deep political crisis, exacerbated since the election of Pedro Castillo, but which is only the illustration of a deeper political, economic and social crisis. More broadly, from the local to the global level, whether the enunciation of a crisis situation is social, religious, political or financial, or whether it affects the world of publishing, cinema, science or architecture, it is often a tacit call for change or even revolution. Although our attention has been caught up for two years by "the" crisis, we have been able to observe that the reflections it has engendered have pushed us to broaden our perspectives and our projections for the future: themes linked to the environmental crisis, to consumption patterns, and to extractivist economies are increasingly soliciting the interest of the citizenry, even if the political lines are not moving any further.

"The" crisis should not hide the others! Indeed, if the global crisis has not erased the national and local crises, it has undoubtedly exacerbated them. We therefore hope that this issue will allow us to look at the political and humanitarian crisis in Venezuela, the ecological and human crisis in the Amazon, the recent political crises in Chile, Ecuador, Peru or Colombia, or in the United States (for example after the invasion of the Capitol in January 2021), or the Truck Movement in Canada more recently.

But are crises just about numbers and rhetoric on a national or global scale? We also want to focus on local crises, those that remain invisible to public authorities, or that the latter contribute to making invisible. These crises are less significant financially, considered less important socially, or made invisible by the subaltern culture of those who suffer them. For example, how do Brazilian indigenous peoples perceive the permanent pressure of large industrialists on their historical spaces? What about the situation with the government of Jair Bolsonaro? What are the crises of the subordinated populations? How do they talk about it and how do they live it? We will also be able to question the resonance of large development projects that involve forced displacements of people. These crises are generated by projects that are considered virtuous.

We can indeed wonder about the effects of large-scale development projects on the organization and economy, but also on the perceptions, discourses and dreamlike representations of the local populations, often peasants or indigenous people. If the crisis is not explicitly stated at the local level, is it not simply experienced? How is it then evoked by the population? How is it perceived by researchers and what methodological procedures allow us to perceive it? Pascale Absi (2010) shows, for example, how Bolivian cooperative miners – who were the victims of the 2008 financial crisis – have learned to "deal with" a situation of prolonged crisis in their sector. The protracted crisis here becomes a "normalized" economic situation, integrated into everyday individual and family strategies. What these miners now consider to be the "real" crisis is related to vital capacities, to illness or death.

What resources do actors mobilize to overcome the difficulties of "crises" conditions, to bypass them, or to ignore them? While individuals and institutions are most often enjoined to be resilient in order to move forward, the "deal with it" answer undoubtedly expresses in a more pragmatic way the real capacities of social or political responses to a utopian “return to normalcy”, provided that this is truly desired.

Finally, in this issue, we will be interested in understanding how crises are prepared or anticipated: survivalists have certainly never been so confident in their "preparation" as they are today, between Covid, global geopolitics and climate change. We want to explore how crises are predicted or explained in the field of religious beliefs, sects or witchcraft (Ballet, Dumbi, Lallau, 2009) but also through sciences or algorithms; how they are deplored or how they are "healed" in the religious, political or social field. Once stated, how are they elaborated when they are used as arguments for new political decisions? How are they formed when they are provoked by political decisions over time rather than by climatic hazards? What about these crises, in retrospect described as "necessary" by some actors, which lead to unprecedented citizen mobilizations or student revolutions? Who acts and what is at stake in these crises? Finally, how are they "readable" by the population and by researchers?

The current situation of Covid-19, which inspires this issue, raises many questions about the crises that are sometimes referred to as "announced catastrophes"; there are many discursive regimes that apply to the fields of health, sports, national championships, teaching, research, or to the editorial market.

Issue 16 of RITA will be published in February 2024.

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Bibliographical References

Absi Pascale (2010). « La parte ideal de la crisis: Los mineros cooperativistas de Bolivia frente a la recesión », Cuadernos de antropología social, 2010, n° 31 : 33-54.
Aguilera Thomas, Florence Bouillon, Martin Lamotte (2018). « Politiques de l’expulsion : acteurs, enjeux, effets », l’année sociologique, vol n°68, n°1 : 11-38.
Ballet Jérôme, Dumbi Claudine, Lallau Benoît (2009). « Enfants sorciers à Kinshasa (RD Congo) et développements des églises du réveil », Mondes en développement, n°146 : 47-58.
Blouin Cécile (Ed.) (2019). Después de la llegada. Realidades de la migración venezolana, Thémis, editorial jurídica, IDEHPUCP, Lima.
Chateauraynaud Francis (2013). « Des prises sur le futur. Regard analytique sur l’activité visionnaire ». Dans Dominique Bourg, Pierre-Benoît Joly et Alain Kaufmann (eds.), Du risque à la menace. Penser la catastrophe, Paris, Presses Universitaires de France (coll. « L’écologie en question ») : 287-310.
Chobeaux François, Leyreloup Anne-Marie, Maraquin Carine, Ryboloviecz David et Van Aertryck Gilles (2017). « Des catastrophes pas si naturelles que cela », VST - Vie sociale et traitements, vol. 136, n°4 : 3-4.
Doran Marie-Christine (2015). « Criminalisation de l’Action Collective dans la Crise Actuelle des Droits Humains en Amérique Latine », Hors-série, Revue québécoise de droit international : 221-246.
Grandazzi Guillaume et Lemarchand Frédérick (2005). Témoins du futur : vivre avec la catastrophe, Esthétique du témoignage, Éditions de la Maison des sciences de l’homme : 317-332.
Hervé-Huamaní Bruno (2021). « Las metamorfosis de la criminalización. Disuadir y castigar la disidencia contra la minería en el Perú ». Dans Bedoya Forno et alii (Ed.), Huellas y persistencias del conflicto armado en el Perú contemporáneo, Lima, Punto cardinal : 257-281.
Houdart Sophie (2020). « En déroute. Enquêter non loin de la centrale de Fukushima Daiichi, Japon », SociologieS, URL : http://journals.openedition.org/sociologies/14049 ; DOI : https://doi.org/10.4000/sociologies.14049
Houdart Sophie, Manceron Vanessa et Revet Sandrine (2015). « Connaître et se prémunir. La logique métrique au défi des sciences sociales », Ethnologie française, 2015, vol. 45, n° 1 : 11-17.
Langumier Julien et Revet Sandrine (2011). « Une ethnographie des catastrophes est-elle possible ? Coulées de boue et inondations au Venezuela et en France », Cahiers d’anthropologie sociale, vol. 7, n° 1 : 77-90.
Monin Alexandre, Landivar Diego, Bonnet Emmanuel (2021). Héritage et fermeture ; une écologie du démantèlement, Paris, Divergences.
Moore John (Ed.) (2016). « Introduction ». Dans Anthropocene or Capitalocene. Nature, History, and the Crisis of Capitalism, California, PM. Press :1-11.
Moreau Yoann (2017). Vivre avec les catastrophes, Paris cedex 14, Presses Universitaires de France (coll. « L’écologie en question »), 392 p.

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CHAMADA PARA CONTRIBUÇÕES - RITA N°16

Crises nas Américas

As crises são geralmente entendidas como situações indesejáveis, inesperadas ou ainda contingentes. No entanto, a produção de crises já é estudada há muitos anos dentro da academia e outras instituições. Será que as sociedades humanas, os setores financeiros, as empresas ou mesmo os Estados podem produzir crises? (Chobeaux et al. 2017).

Neste número da revista RITA, queremos examinar a produção desses fenómenos que designamos como crises. Do “laisser-faire” até a “negligência”; da banalização da crise nos meios de comunicação ou no discurso académico até os processos de enunciação das autoridades públicas. Em "tempos de crise", precisamente, os representantes do poder público justificam de forma mais direta a imposição de medidas sociais, económicas ou, até mesmo, militares. Tal foi o caso, por exemplo, nas remoções e no desmantelamento de favelas (Aguilera, Bouillon, Lamotte, 2018) ou na ativação de forças policiais em prol de empresas mineradoras cuja atividade se encontra ameaçada ou enfraquecida por conflitos sociais (Hervé-Huamaní, 2021).

A crise da Covid-19 teve e continuará a ter um impacto em nossos modos de pensar e fazer investigação científica. Por exemplo: já que muitas pesquisas de campo foram impossibilitadas, cresceu a importância dos chamados "dados", moesmo na pesquisa qualitativa. Que seja no trabalho quotidiano na universidade, nos transportes ou na organização familiar, fomos submetidos a logísticas particulares. Muitas vezes adotadas com urgência, as novas organizações das nossas temporalidades quotidianas entrecruzaram dimensões que antes tínhamos tentado distinguir. Um exemplo foi como o tempo de trabalho invadiu o espaço familiar e as crianças aparecem no meio de reuniões cruciais. A nível individual, a crise – alimentada, ilustrada, retransmitida e oficializada por vários peritos, tomadores de decisão e meios de comunicação social nacionais e globais – recompôs a organização diária. Mais de dois anos após o seu aparecimento oficial, a crise da Covid-19 continua a reverberar na educação dos alunos e estudantes universitários, na organização do trabalho, ou mesmo nos tempos livres. Ainda desconhecemos os traços mais globais que todas estas "ondas" terão deixado nos planos social, político, económico ou simbólico. Através da crise, queremos também analisar as suas ressonâncias, e as formas como as crises continuam a existir nos discursos, nas organizações, assim como representações e nos sonhos[1].

Estes tempos de pandemia globalizada e de confinamento também deram asas a um humor tão negro quanto necessário nas redes sociais. Conforme foi destacado por Bruno Latour e muitos outros, esta crise deve também ser usada para pensar melhor nossas organizações sociais e nossas relações com os seres vivos, mas também para questionar as nossas práticas cidadãs e de consumo. O confinamento e a paralisia das atividades humanas poluidoras mostraram também o que o decrescimento pode produzir, alimentando assim o debate sobre a crise ambiental e os discursos mais críticos que apelam a "inventar uma arte de desmantelamento" (Monin, Landivar, Bonnet, 2021) para contrariar as crises.

A pandemia e os períodos de confinamento nos incentivaram a dedicar este número da RITA a questão das crises, mas queremos aproveitar este contexto ainda latente e incerto para refletir sobre a crise em uma dimensão ampla. A invasão russa da Ucrânia – e as muitas consequências globais em termos de energia, diplomacia e disponibilidade de matérias-primas – também foi um incentivo para instigar essa questão. Como foi a crescente inflação, um fenômeno bem conhecido dos países do Sul, está agora mantendo o mundo todo sob pressão.

Nas Américas, a crise social e política do Chile declinou após os grandes tumultos de 2019 e a forte exigência popular de mudanças constitucionais. Agora é o Peru que enfrenta uma crise política, exacerbada desde a eleição de Pedro Castillo. De forma geral, do local ao global, que ela seja social, religiosa, política, ambiental ou financeira, que ela afete o mundo da edição, o cinema, a ciência ou a arquitetura, uma situação de crise é muitas vezes um apelo tácito à mudança ou mesmo à revolução. Pois, embora a nossa atenção tenha sido capturada durante dois anos pela "crise" da Covid-19, pudemos observar que as reflexões ocasionadas nos levaram a ampliar nossas perspectivas e nossas projeções para o futuro: os temas ligados ao meio ambiente, aos padrões de consumo e às economias extrativistas estão subjacentes e solicitam cada vez mais o interesse dos cidadãos, mesmo que as linhas políticas não refletem essas preocupações.

Que uma crise não esconda as outras!

De fato, mesmo que a crise global não tenha apagado as crises nacionais e locais, sem dúvida ela as exacerbou. Esperamos, portanto, que esta questão nos permita olhar de novo para a crise política e humanitária na Venezuela, a crise ecológica e humana na Amazônia, as recentes crises políticas no Chile, no Equador, no Peru ou na Colômbia, assim como nos Estados Unidos, após a invasão do Capitólio em janeiro de 2021, ou no Canadá mais recentemente, com o Truck Movement.

Mas será que as crises são apenas uma questão de números e de discurso à nível nacional ou global? Queremos também nos concentrar nas crises locais, aquelas que permanecem invisíveis para as autoridades públicas, ou que estas últimas ajudam a tornar invisíveis. São crises menos significativas financeiramente, consideradas como menos importantes socialmente, ou invisibilizadas em razão da cultura subalternizada daqueles que as sofrem. Como é que, por exemplo, os povos indígenas brasileiros percebem a pressão permanente dos grandes agricultores nos seus espaços históricos? E como anda essa situação com o governo de Jair Bolsonaro? Quais são as crises das populações subalternizadas? Como é que eles falam sobre isso e como o vivem? Poderemos também questionar a ressonância de grandes projetos de desenvolvimento que provocam o deslocamento forçado de populações. São crises, paradoxalmente, causadas por projetos considerados como virtuosos.

De fato, é preciso refletir sobre o que os grandes projetos de planejamento ou de desenvolvimento produzem na organização e na economia, mas também nas percepções, nos discursos ou nas representações oníricas das populações locais, muitas vezes camponesas ou indígenas. Se a crise não for explicitamente declarada a nível local, ela não aconteceu? Como ela é evocada pela população? Como é percebida por pesquisadorxs e que procedimentos metodológicos permitem a sua apreensão? Pascale Absi (2010) mostra, por exemplo, como os mineiros cooperativos bolivianos, vítimas da crise financeira de 2008, aprenderam a "lidar" com uma situação de crise prolongada em seu setor. A longa crise torna-se uma situação económica “normalizada”, integrada nas estratégias diárias individuais e familiares. O que estes mineiros consideram como a crise "real" passa a ser ligado às capacidades vitais; à doença ou à morte. Que recursos mobilizam os atores para ultrapassar as dificuldades das condições de "crise", para contorná-las ou ainda para ignorá-las?

Finalmente, neste número tentaremos entender como as crises são preparadas ou antecipadas (os “sobrevivencialistas” certamente nunca estiveram tão confiantes em sua preparação quanto hoje, com a Covid, a geopolítica global e a questão do clima), ou como as crises são previstas ou explicadas (no campo das crenças religiosas, das seitas ou da bruxaria, mas também através da ciência ou dos algoritmos), como são deploradas ou como são "curadas" nos campos religioso, político, sanitário e social. Como elas também são construídas, quando, ao se iniciarem, são usadas como argumentos para novas decisões políticas? Como elas se formam, aliás, quando são provocadas por decisões políticas de longo prazo e não por riscos climáticos? E as crises que alguns atores chamam, a posteriori, de "necessárias", desembocando em mobilizações cidadãs ou revoluções estudantis sem precedentes? Quem age e o que está em jogo nestas crises? Como elas podem ser "lidas" pela população e pelos pesquisadores?

A situação atual da Covid-19, que nos levou a escolher esse tema, levanta muitas questões sobre as crises, que por vezes são chamadas de "catástrofes anunciadas"; e são regimes de enunciação que se aplicam tanto ao campo da saúde quanto ao do esporte, tanto ao ensino e à pesquisa quanto ao mercado editorial.

O número 16 de RITA será publicado em fevereiro de 2024.

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Referencias bibliográficas

Absi Pascale (2010). « La parte ideal de la crisis: Los mineros cooperativistas de Bolivia frente a la recesión », Cuadernos de antropología social, 2010, n° 31 : 33-54.
Aguilera Thomas, Florence Bouillon, Martin Lamotte (2018). « Politiques de l’expulsion : acteurs, enjeux, effets », l’année sociologique, vol n°68, n°1 : 11-38.
Ballet Jérôme, Dumbi Claudine, Lallau Benoît (2009). « Enfants sorciers à Kinshasa (RD Congo) et développements des églises du réveil », Mondes en développement, n°146 : 47-58.
Blouin Cécile (Ed.) (2019). Después de la llegada. Realidades de la migración venezolana, Thémis, editorial jurídica, IDEHPUCP, Lima.
Chateauraynaud Francis (2013). « Des prises sur le futur. Regard analytique sur l’activité visionnaire ». Dans Dominique Bourg, Pierre-Benoît Joly et Alain Kaufmann (eds.), Du risque à la menace. Penser la catastrophe, Paris, Presses Universitaires de France (coll. « L’écologie en question ») : 287-310.
Chobeaux François, Leyreloup Anne-Marie, Maraquin Carine, Ryboloviecz David et Van Aertryck Gilles (2017). « Des catastrophes pas si naturelles que cela », VST - Vie sociale et traitements, vol. 136, n°4 : 3-4.
Doran Marie-Christine (2015). « Criminalisation de l’Action Collective dans la Crise Actuelle des Droits Humains en Amérique Latine », Hors-série, Revue québécoise de droit international : 221-246.
Grandazzi Guillaume et Lemarchand Frédérick (2005). Témoins du futur : vivre avec la catastrophe, Esthétique du témoignage, Éditions de la Maison des sciences de l’homme : 317-332.
Hervé-Huamaní Bruno (2021). « Las metamorfosis de la criminalización. Disuadir y castigar la disidencia contra la minería en el Perú ». Dans Bedoya Forno et alii (Ed.), Huellas y persistencias del conflicto armado en el Perú contemporáneo, Lima, Punto cardinal : 257-281.
Houdart Sophie (2020). « En déroute. Enquêter non loin de la centrale de Fukushima Daiichi, Japon », SociologieS, URL : http://journals.openedition.org/sociologies/14049 ; DOI : https://doi.org/10.4000/sociologies.14049
Houdart Sophie, Manceron Vanessa et Revet Sandrine (2015). « Connaître et se prémunir. La logique métrique au défi des sciences sociales », Ethnologie française, 2015, vol. 45, n° 1 : 11-17.
Langumier Julien et Revet Sandrine (2011). « Une ethnographie des catastrophes est-elle possible ? Coulées de boue et inondations au Venezuela et en France », Cahiers d’anthropologie sociale, vol. 7, n° 1 : 77-90.
Monin Alexandre, Landivar Diego, Bonnet Emmanuel (2021). Héritage et fermeture ; une écologie du démantèlement, Paris, Divergences.
Moore John (Ed.) (2016). « Introduction ». Dans Anthropocene or Capitalocene. Nature, History, and the Crisis of Capitalism, California, PM. Press :1-11.
Moreau Yoann (2017). Vivre avec les catastrophes, Paris cedex 14, Presses Universitaires de France (coll. « L’écologie en question »), 392 p.