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    Trajectoires de jeunesse
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Numéro 4 - 2011

Edito n°4

 

« Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage. Traversé ça et là par de brillants soleils. »
Charles Baudelaire,
« L’ennemi » in Les Fleurs du Mal (1857).

Sujet de controverses, d’inquiétude et même d’admiration, la jeunesse a de tout temps questionné les sociétés. En 1978, Pierre Bourdieu se montrait catégorique en affirmant : « la jeunesse n’est qu’un mot ». Un mot, certes, mais dont la pléthorique déclinaison sociologique et la plasticité constituent encore de nos jours un formidable objet d’étude pour les sciences sociales. La plupart des sociologues s’accordent et abordent la jeunesse comme « une invention sociale, historiquement située, dont les conditions de définition évoluent avec la société elle-même.» (Galland, 2009 : 5)

Autour des jeunes s’agrègent des préjugés souvent contradictoires. On reconnaît entre autres leur vulnérabilité, on dénonce leur violence, on admire leur autodidaxie. Entre turbulences, parfois pathologiques, et construction de soi durant cette période charnière de quête identitaire, diverses trajectoires se présentent aux jeunes. Alors que certains se complaisent dans la reproduction des modèles hérités, d’autres puisent dans leur refus des normes imposées par la tradition, la famille, la société ou l’Etat et le rejet des rôles assignés, la confiance nécessaire pour s’émanciper. Les jeunes sont des acteurs et des actrices capables de se mobiliser et de s’organiser (résistance, militantisme,…). Ils développent des stratégies et un répertoire d’actions parfois avant-gardistes, en recourant à la linguistique, la musique, l’art, la mode voire les nouvelles technologies.

Ainsi, construite socialement et loin de représenter seulement un groupe à risques pour l’ordre établi ou pour eux-mêmes, nous avons souhaité consacrer cette quatrième édition de la revue RITA à la jeunesse dans les Amériques.

Dans notre nouveau numéro intitulé Trajectoires de jeunesses : quêtes identitaires et mobilisations dans les Amériques, nous vous convions à la découverte d’articles inédits et pluridisciplinaires d’étudiant(e)s et de chercheur(e)s confirmé(e)s portant sur l’analyse de cette singulière altérité juvénile mais également, d’articles hors-thématiques sur les Amériques.

Dans la rubrique Thema, les auteur(e)s nous rappellent que la jeunesse constitue une période charnière de socialisation secondaire. Qu’elle se déroule via des voyages initiatiques, comme l’explique Etienne Sauthier dans son articleintitulé -Aux sources de la civilisation : Les jeunes élites brésiliennes et le voyage en Europe dans la seconde moitié du XIXe siècle (1850-1914)- ou par le truchement d’une confrontation avec leur espace, rural avec un ancrage traditionnel fort dans le cas étudié par Fernando Ruiz Peyre - Espacios de acción, perspectivas de vida y desigualdades de género de jóvenes rurales del oeste argentino- ou informel, dans celui proposé par Claire Barbay -Vers une jeunesse dans les assentamentos de réforme agraire au Brésil ? Processus identitaire et territorialisation- ; cette étape transitoire de confrontation aux normes provoque chez les jeunes des réactions contrastées. Entre rupture sociale et fort engagement personnel, différentes trajectoires s’ouvrent ainsi aux jeunes dans leur quête identitaire.

Dans son article -Les étudiants sans papiers aux Etats-Unis et le nouveau rôle de l'université publique-, Fanny Lauby décrit la précarité des jeunes étudiants immigrés en situation irrégulière aux Etats-Unis et comment leur accès à l'enseignement supérieur soulève des enjeux économiquement et politiquement sensibles. -Juventude, corpo e mobilização no videoclipe brasileiro- de Denise Siqueira aborde plus particulièrement la manière dont les jeunes cariocas expriment, à travers la mise en scène de leur corps dans des vidéoclips, leurs malaises et leurs idéaux. Leur corps peut aussi être un moyen pour ces jeunes de se mettre en retrait de la société, c’est ce que Manon Labry nous explique dans son article, -« Revolution Grrrl Style Now » ? Eléments de réflexion sur le rôle social des sous-cultures juvéniles contestataires. Le cas des Riot Grrrls-. Anticonformiste et opposée à toute forme de contrôle social, cette communauté de jeunes punks féministes revendique entre autres la réhabilitation du statut des jeunes filles tout en s’installant dans un mode de vie alternatif. Ce mouvement culturel contestataire n’est pas le seul à servir de porte-voix à la jeunesse.  Trois Regards complètent notre présentation du répertoire d’actions artistique des jeunes. Le premier -Breakdance, la reconnaissance par le style- de Sofiane Ailane  illustre à quel point ce genre de danse s’avère être un remarquable médiateur, qui donne aux jeunes de Fortaleza (villes du Nordeste Brésilien) l’opportunité de s’initier à un art et de s’engager dans la cité. Le second, celui d’Ana de Santa Cecilia Massa intitulé -Le mouvement Hip-Hop : un pont reliant les jeunes des banlieues et des favelas-, propose une étude comparée de l’utilisation de ce mode d’expression, par les jeunes du Blanc-Mesnil (ville de Seine-Saint-Denis) et de Rocinha l’une des plus grandes favelas de Rio de Janeiro, dans leur processus de construction identitaire.  Le troisième est celui que porte Helene Martinez sur l'oeuvre picturale d'un jeune artiste métis surnommé "The Radiant Child" ou "le Poète de rue". Elle nous invite à (re)découvrir, à travers -Jean-Michel Basquiat ou la rétrospective de 2010 à Paris-, le pionnier de l'art contemporain qui bouleversa l'underground New Yorkais.

La participation des jeunes à un mouvement religieux évangélique comme Mariela Analia  Mosqueira  l’analyse dans son article -La política requiere de leones, no de ovejas: participación política en jóvenes cristiano-evangélicos- voire leur adhésion à une organisation, telle l’Organisation Ibéro-américaine de la Jeunesse (OIJ), étudiée par Lorena Natalia Plesnicar -El discurso de la OIJ sobre la participación de la juventud en el desarrollo (1980-2000)- ; sont d’autres voies possibles empruntées par les jeunes des Amériques dans leurs quêtes d’une identité sociale.

Intéressé(e) par d’autres sujets hors thématique, nous vous invitons à parcourir notre rubrique Champ Libre. La Note de Recherche de Thomas Posado intitulée- Le gouvernement révolutionnaire cubain en 1959 : un facteur d’apaisement social ?- nous propose de comprendre le bouleversement de l’organisation syndicale des ouvriers cubains, alors que Jérôme Leleu dans -Catégories marchandes, stimulants matériels et transition au socialisme à Cuba- analyse la phase de transition économique de Cuba après la révolution de 1959. Ces deux Notes de Recherche font échos à l’article -Construção social do desemprego, protestos de desempregados e sindicalismo no Brasil e na Argentina- de Davisson C. C. de Souza, qui s’interroge sur les facteurs concourant à la faible capacité mobilisatrice des chômeurs brésiliens contrairement aux argentins.

Les Notes de recherche suivantes s’intéressent à la relation entre l’Etat et les communautés dans les Amériques. Qu’il s’agisse des communautés noires du Pacifique colombien, objet de l’article de Daniel Duque Quintero, -La marea y el reloj: una economía política cultural de la tierra en el Pacífico colombiano-, de la communauté maya sujet de Martin Deleixhe, -La reconstruction discursive de l'identité collective des femmes et des indigènes guatémaltèques par Rigoberta Menchú- ou du mouvement indigène Pachacutik étudié dans l’article de Hortense Faivre D’Arcier-Flores, -El “Buen vivir”: ¿Un remedio al malestar global ? -; ces trois Notes de Recherche analysent comment ces groupes sociaux contribuent au développement social et démocratique du Guatemala, de la Colombie et de l’Equateur.

Marie Noëlle Carré aborde un tout autre sujet. Dans le cadre des objectifs du millénaire cette auteure nous montre, à travers son article -Conflits environnementaux et déchets à Buenos Aires : les nouvelles territorialités d'un service urbain?-, comment des associations de citadins portègnes se réapproprient leur territoire et deviennent un des acteurs de la gouvernance du Grand Buenos Aires.

En proie aux doutes dans votre manière d’éduquer vos enfants ou d’enseigner ? Des spécialistes de la subjectivité sont là pour vous aider. La Note de Recherche de Maira Muhringer VolpeAjuda S.A.’: a profissionalização do ‘especialista da subjetividade’ pela mídia, examine ce phénomène de société, qui s’étend au Brésil.

Pour clore la présentation de notre quatrième numéro, sachez que nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec le Professeur Michel Maffesoli, sociologue spécialisé sur les comportements de groupe et d’anthropologie urbaine. Vous retrouverez l’intégralité de notre entretien dans la rubrique Rencontres.

Le comité de rédaction remercie chaleureusement l’ensemble des auteur(e)s et notre comité de lecture qui, par la qualité de leur travail de recherche et leurs observations attentives, ont contribué à l’élaboration de cette quatrième édition de la revue RITA, consacrée à la jeunesse dans les Amériques.

Dans l’espoir, chères lectrices et lecteurs, que vous apprécierez ce nouveau numéro ; nous attirons dès à présent votre attention sur notre prochain appel à communication intitulé L’Afrique des Amériques : héritages, altérités et reconnaissances.

 

Emma Chaouane, pour le comité de rédaction RITA.