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    Dépasser les dichotomies : penser autrement les Amériques ?
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    Dépasser les dichotomies : penser autrement les Amériques ?
Numéro 6 - 2013

Edito n°6

 

RITA consacre son sixième numéro à une sélection de communications du colloque international « Dépasser les dichotomies : penser autrement les Amériques ? ». Tenu les 3 et 4 mai 2012, à la Maison de l’Amérique latine et à l’Institut des Amériques (Paris), cet évènement scientifique a été co-organisé par la revue électronique RITA et le Centre de Recherches et de Documentation des Amériques (CREDA). L’événement a été soutenu par l’Institut des Hautes Etudes d’Amérique latine (IHEAL), l’Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3 et l’Institut des Amériques (IdA). Il est issu d’une riche réflexion initiée deux ans plus tôt, en 2010, par un groupe de jeunes chercheuses et chercheurs en sciences sociales, dont les Amériques sont le terrain et l’objet de leurs travaux... Les fondements de la démarche adoptée s’enracinent dans une double interrogation : les dichotomies classiques, (local/global, rural/urbain, etc.) sont-elles toujours pertinentes, lorsqu’elles sont transposées aux Amériques ? N’est-ce pas au cœur même de nouveaux outils conceptuels, de nouvelles méthodes et de pratiques changeantes que l’on peut renouveler l’analyse des dynamiques passées et présentes dans les Amériques ?

Les quatre grands axes retenus ont une dénomination volontairement old school, quise veut elle-même un objet de débat. Leur construction reflète une opposition sous-jacente, et interroge les perspectives méthodologiques, les antagonismes conceptuels, pour appréhender des points de rencontre, des zones grises ou réinterpréter ces oppositions selon les contextes nouveaux.

Dans l’axe « Démocratie et Conflits », qui inaugure ce dossier, les communications présentées au cours du colloque jouent comme une caisse de résonance de la « désétatisation de la violence » (Corten, 2005). Daniel Iglesias invite à l’utilisation de l’outil de l’institutionnalisme historique pour comprendre et analyser les transitions démocratiques. L’auteur aborde les écueils des politiques publiques destinées à construire une démocratie pluraliste au Pérou, adoptant comme fil directeur le dépassement des dichotomies - local/global, universel/particulier ; un double prisme qui traverse également l’article suivant. Nicolás Angelcos Gutierrez, quant à lui, interroge la lutte pour le droit au logement à Santiago du Chili, à travers le cas des mouvements d’occupant.e.s des casonas (le Movimiento de Pobladores en Lucha), leurs configurations politiques et les modes de vie qu’ils expriment. Nicolás Angelcos montre ainsi en quoi les pratiques politiques de ce mouvement permettent de penser autrement la démocratie dans le pays, ainsi que  les acteurs et idéologies de la gauche chilienne.

L’axe « Race et culture » est organisé autour de quatre articles mettant en jeu les temps, les espaces, les identités et les définitions catégorielles. Aurélie Le Lièvre explore les identités assignées et l’essentialisation culturelle : à travers la pratique du mariage  « mixte », l’auteure montre qu’une intégration culturelle réciproque entre juifs et non-juifs se joue dans les sphères intimes des Paulistes. Cette analyse s’articule avec celle de Marie-Laure Guilland qui consiste à mobiliser l’être et le paraître indien, dans le cadre de stratégies de mise en tourisme. Cette dissolution des catégories est encore amplifiée par le constat d’ambigüité qu’effectue Frédéric Duchesne dans son travail historique sur le village de Coropuna au Pérou. L’auteur soulève un problème méthodologique majeur, celui de masquer les contrastes d’une société coloniale, communément divisée entre monde indien et monde colonial, assimilé au monde blanc. Cette difficulté est également saisie par Fabien Le Bonniec qui cherche à démasquer la territorialité mapuche de son vernis « normatif, statique et essentialiste ». En proposant de reformuler la production du territoire sous l’angle de la coproduction, il propose d’innover dans le champ des études sur le mouvement Mapuche.

Les deux derniers axes, « Villes et Campagnes » et « Inégalités hommes-femmes », ont donné un très large écho aux problématiques abordées lors de la première journée, en tentant notamment de dépasser la dichotomie ruralité – urbanité. A l’aide du concept d’« urbanité amérindienne », Bastien Sepúlveda relit la territorialité des Mapuches en ville en tentant de montrer que ses modalités dépassent les fractures entre les deux catégories spatiales. Les trajectoires migratoires entre Mexique et Etats-Unis abordées par Anna Perraudin tissent une autre dimension de cette reconfiguration spatiale et identitaire. Pour l’auteure, la migration internationale intervient comme une troisième forme d’appartenance spatiale, ni totalement paysanne, ni totalement urbaine. Cette mutation de l’appartenance urbain/rural est également abordée par Hélène Roux. L’auteure se penche plus spécifiquement sur le monde rural, ses mutations et son avenir, à la lumière du cas nicaraguayen. A cet égard, afin d’interroger le paysan comme catégorie sociale, elle brosse un historique de la profonde restructuration agraire nicaraguayenne à partir des transformations de la paysannerie à une échelle plus vaste. Et de conclure que les injonctions au développement durable énoncées à l’échelle internationale font s’entrechoquer deux modes d’être rural, parfois contradictoires. Et si la défense de l’environnement revenait à une défense d’être paysan ? Enfin, à l’échelle régionale, le travail de Marie Forget propose de résoudre la dialectique villes-campagnes en recentrant l’approche autour d’un axe fluvial, celui du Paraná argentin. Le rôle de cette voie de navigation dans la consolidation du système agro-exportateur doit être relu à la lumière de son usage comme axe de circulation entre l’hinterland producteur de soja transgénique, notamment depuis les années 2000, les terminaux portuaires et les espaces mondiaux des échanges - Europe et Chine, notamment.

Enfin, le dernier axe, « Inégalités homme-femmes » est traité à travers deux approches différentes, qui insistent sur les difficultés de la méthodologie à adopter. Juliette Ledru utilise l’outil de l’intersectionnalité : elle saisit ainsi l’articulation entre race et genre, à travers le cas des femmes sino-américaines. En travaillant sur trois plans de la représentation – les  femmes sino-américaines dans la littérature, les représentations que ces femmes peuvent avoir d’elles-mêmes, et celui des représentations de leur groupe dans la littérature – l’auteure tente de montrer que cet entrelacs a un effet sur la représentation et construction identitaire de ces femmes.  Fabiola Miranda Pérez, quant à elle, restitue les résultats d’une enquête menée sur la juridicisation du cas de la pilule du lendemain au Chili sous le gouvernement de Michelle Bachelet. En travaillant sur l’interpénétration des sphères juridique et politique autour de l’introduction de ce moyen de contraception, elle met à jour la disjonction entre l’énonciation de normes et le quotidien des femmes.

La partie Champ libre accueille, pour ce numéro, une série d’articles qui nous feront voyager en Amérique Latine, de Cuba à l’Argentine.

Notre périple commence au Costa Rica où Tania Rodriguez étudie les rôles et les rapports de force existant entre des acteurs inter et transnationaux, et les Etats du cordon centraméricain dans la gestion des bassins transfrontaliers. En Uruguay, dans son article « Ex-guérilleros Tupamaros uruguayens et loi d'amnistie en faveur des forces de sécurité (1985 – 2011) », Benjamin Geny, analyse le débat suscité dans l’actualité par la loi d’amnistie, à propos des crimes commis par les forces de sécurité (armée et police) lors de la dictature civico-militaire (1973-1985). A travers un prisme historique, Xavier Calmettes explique comment les bons rapports entre Venezuela et Cuba se sont soudainement dégradés dans un contexte historique complexe sur les plans continental et mondial dans son article «La réforme contre la révolution ? Les relations vénézolano-cubaines (1958-1961) ». A Cuba, l’article de Jérôme Leleu évoque les années postérieures à cet épisode, à partir du regard évolutif que pose Charles Bettelheim sur le processus révolutionnaire cubain. Au Chili cette fois-ci mais toujours dans une approche historique, Enrique Cortés Larravide s’interroge sur les formes de pouvoir du nouvel ordre colonial espagnol, et sur ses réadaptations par la chefferie indienne de Copiapo entre le XVIe et le XVIIe siècles, après que les traces du procès du Protecteur des Indiens du Royaume du Chili de 1677 aient été retrouvées en 2008 aux archives nationales chiliennes. Faisons une halte au Pérou et dans un contexte contemporain. Chloé Constant met la loupe sur les inégalités vécues par les femmes quant à leurs pratiques sexuelles en milieu carcéral. L’auteure montre que ce système pénitentiaire androcentré est à l’image de la multiplicité des inégalités de la société péruvienne.

Arrêtons-nous maintenant en Argentine, avec deux articles où les thématiques abordées sont très différentes, reflet des richesses culturelles ou de la diversité des problématiques actuelles dans les Amériques.

Isabelle Rispler nous mène à Buenos Aires, parmi les germanophones. Elle analyse la construction de la « German-ness » et le rôle joué par la langue allemande dans le sentiment d’appartenance communautaire dans son article « Negotiating German-ness within the Transatlantic Space : The German-Argentine Community of Buenos Aires ». A quelques 1000 km au Nord de la capitale argentine, Inés Rosso a étudié le développement d’un mouvement paysan à Santiago del Estero. Rosso montre que les paysans s’organisent contre l’expansion de la frontière agraire, la « pampeanización »,  qui a notamment impliqué le déplacement de petits propriétaires terriens qui récoltent les conséquences des politiques d’ajustement structurel.

Nous finissons enfin notre périple en Colombie. Dans la rubrique Notes de Recherche, Gustavo Pérez, Katerine Serrano, Fernanda Cepeda, Estefanía Villa, et Carolina Camelo ont analysé certains processus de construction identitaire à travers les organisations “afro” à Bogotá dans un article commun intitulé « Trazando diferencias, combatiendo desigualdades. Espacios de construcción identitaria afro en Bogotá ».

Enfin, notre périple américain abouti, posons-nous pour tourner notre objectif sur le travail historiographique de Mathieu Corp sur la photographie dite latino-américaine. L’auteur interprète les singularités de la photographie latino-américaine à travers les complexités politiques, sociales, culturelles qui ont ponctué l’histoire des Amériques.

Pour finir, regagnons la Colombie avec l’article Margot Péronne Wasmer pour la rubrique Regards. L’auteure analyse la réception populaire de formes d’inclusion issues des politiques nationalistes de ce pays, sujet trop souvent abordé à partir des actions des élites gouvernantes et non de l’acteur principal : le peuple.

Le comité de rédaction de RITA et le comité d’organisation du colloque RITA-CREDA « Dépasser les dichotomies : penser autrement les Amériques ? » tiennent à remercier l’ensemble des auteurEs et lecteurs qui, par la qualité de leur travail, ont contribué à l’élaboration de ce sixième numéro de la revue. En espérant qu’il saura retenir votre intérêt et stimuler vos interrogations. Nous vous invitons, enfin, à rester attentifs au prochain appel à communication de la revue et à nous transmettre vos propositions d’articles pour les éditions à venir.