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    Les dimensions internationales des Amériques : relations, échanges et circulations
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Numéro 7 - 2014

Edito n°7

 

Comment penser les Amériques dans leurs rapports au monde ? La septième édition de la revue RITA s’est construite autour de cette question, transversale à l’ensemble des articles qui constituent ce numéro. Afin d’assurer le caractère pluridisciplinaire des contributions, le choix du terme « dimensions » a été préféré à celui de « relations » afin de s’ouvrir à la variété des dynamiques internationales du continent : relations, échanges et circulations impliquant les Amériques. Celles-ci peuvent en effet apparaître comme un carrefour émettant et recevant différentes idées et influences tant politiques, qu’économiques ou culturelles. Les contextes idéologiques, historiques, géographiques façonnent la forme et les modalités de cette mise en relation. Par exemple, l’origine du « sous-développement » et donc du concept de « développement », ensuite érigé en modèle adopté par une large majorité de pays après la Seconde Guerre mondiale, pourrait remonter à la période coloniale si l’on considère que les Caraïbes ont constitué le premier terrain expérimental d'une exploitation coloniale mais aussi mondiale des ressources (commerce triangulaire, importation de la force de travail, spécialisations agricoles, entre autres exemples). Dans la seconde moitié du XXème siècle, les conquêtes et les colonisations ont produit des transformations importantes mais leurs conséquences, en termes d’inégalités internationales, ne se manifestent pleinement qu’après la révolution industrielle où l’intérêt d’une grande majorité de nations est porté sur l’étude des phénomènes économiques. La vision du monde change : le rapport pays colonisés/colonisateurs fait place à la nouvelle dichotomie « développés/sous-développés ». Dans le premier cas, les deux parties n’appartiennent pas au même univers puisqu’il n’est pas envisageable que les colonisés deviennent les colonisateurs. Alors que dans le second, les « sous-développés » ont l’espoir de pouvoir atteindre le stade suprême de nations «développées ».

La situation du monde « occidental » après la fin de la Seconde Guerre Mondiale en 1945 est totalement inédite. L’objectif premier est la reconstruction des économies européennes et la consolidation politique, économique et militaire de ce qui est appelé « le monde libre ». Cette reconstruction du monde se fait par une dynamique simple et incontestée à l’époque : les mesures proposées pour améliorer la situation des pays n’ayant pas atteint le stade industriel, qualifiés de pays « sous-développés » sont liées aux succès et à la prospérité des pays riches érigés en références. La supposée supériorité de « l’homme blanc », la culpabilité de l'Occident envers les Juifs et Juives après la Shoah ou encore la mise en place de la Guerre Froide ont des répercussions importantes du côté de ses « colonisés » ou de ceux et de celles qui s’identifient à eux. La transformation du camp des Alliés en un terrain de Guerre Froide va définir pendant près d’une quarantaine d’années la configuration des relations internationales. Le monde « occidental » est interpellé par l’historicité nouvelle des dites « périphéries » dans le nouvel ordre mondial qui émerge avec la chute du mur de Berlin. Cette guerre, avec ses implications pragmatiques, va avoir un impact crucial sur la politique des différents américains, en même temps que sur la vie quotidienne des personnes. Il est donc important de croiser l’histoire des idées avec l’histoire économique, culturelle ou l’histoire des relations internationales, parmi d’autres, pour traiter la question des rapports au monde des Amériques.

Pour sa septième édition, RITA propose un numéro permettant d’explorer par des approches diverses la dynamique de « mise en relation » des Amériques avec le reste du monde. Le regard est porté sur les échelles nationales et régionales, cherchant ainsi à saisir le caractère multiscalaire du phénomène. Qu’il s’agisse d’influences idéologiques, économiques, politiques ou culturelles, cette mise en relation implique des rapports qui prennent la forme d’un système d’échanges plus ou moins égalitaire dans lequel se jouent à la fois l’avenir national et mondial. Comment s’articulent les intérêts malgré les différences ? nous demandions-nous dans l’appel à communications. Les contributions offrent un vaste éclairage sur la question. Les nombreux articles qui nous ont été proposés sur le Brésil ne sont pas vraiment le fruit d’une coïncidence, ni celui d’un intérêt qui serait uniquement lié à la coupe du monde de la FIFA que le pays accueille actuellement. La place chaque fois plus importante qu’occupe le géant de l’Amérique latine dans la région et à l’échelle mondiale est finement étudiée par nos auteur.e.s.

Thema, la partie thématique de la revue, accueille six contributions, dont deux entretiens. Champ libre, la partie hors thématique, est composée de cinq contributions dont quatre pour la rubrique Regards, très riche pour ce numéro. Puisque la ligne éditoriale de la revue est de favoriser les échanges entre recherches de différents niveaux, le numéro est présenté non pas par rubriques mais en fonction des perspectives proposées par les auteur.e.s pour explorer la thématique centrale.

Nous avons deux études qui partent d’une approche culturelle pour explorer les dimensions internationales des Amériques à partir des relations, de natures variées, qu’entretient le Brésil avec la France et les Etats-Unis. Les deux auteures développent leurs réflexions sur le pays dans des contextes variés. Simele Rodriguez interroge « l’américanisation culturelle » dans le Brésil des années 1940, en proposant une analyse de l’intensification des représentations des ballets américains à São Paulo ainsi qu’à Rio de Janeiro (« Quand le ballet étasunien gagne la Guerre froide culturelle au Brésil (1946-1979 »). De son côté, Ana Laura Donega étudie le rôle de médiation des traducteurs/traductrices et des rédacteurs/rédactrices d’un magazine féminin brésilien et le processus de “tropicalisation” des contenus français, et notamment parisien, dans la société brésilienne des années 1850 (« A revista Novo Correio de Modas (1852-1854): moda e literatura francesa com toque tropical »).

L’article d’Emilie Dupuits interroge l’élaboration de normes pour réguler la circulation et l’utilisation de « biens communs », et plus précisément de l’eau. La réflexion porte sur la participation des différents secteurs organisés de la société civile à la construction d’une norme transnationale sur les questions environnementales. L’auteure interroge le rôle d’un réseau latino-américain –qui regroupe des organisations communautaires travaillant sur la question– dans la construction d’une norme transnationale de « l’associativité » (« Construire une norme transnationale en réseau : gestion communautaire de l’eau et « associativité » en Amérique latine »).

Les auteur.e.s suivant.e.s proposent de penser l’ouverture au monde du Brésil et les différentes stratégies développées par le pays pour répondre aux enjeux qu’elle implique. Erika Pereira de Almeida travaille sur la communauté brésilienne installée au Québec. Puisque l’Etat brésilien élargit son action au-delà des frontières nationales, l’auteure propose d’étudier la construction d’une « citoyenneté transnationale » et sa double mobilisation : dans le pays d’origine et dans le pays d’accueil (« La citoyenneté au-delà des frontières nationales. La politique étrangère brésilienne et sa diaspora: le cas des Brésiliens au Québec »). L’entretien réalisé avec Osmany Porto de Oliveira pour ce numéro offre une autre perspective pour penser les mécanismes et dynamiques de la diffusion et de la circulation d’un modèle de gouvernance participative, celui du Budget Participatif né à Porto Alegre  au Brésil (« Difusão internacional de políticas públicas: o Orçamento Participativo como objeto de pesquisa »).

La deuxième Rencontre de la partie Thema a été réalisée par Marion Alves auprès d’Ana Tallada. L’entretien retrace les réflexions que cette sociologue, éducatrice et militante féministe péruvienne, tire des mobilisations féministes en Amérique latine dans le contexte actuel de globalisation (« Ana Tallada, una feminista peruana en un mundo globalizado »). C’est, par ailleurs, l’occasion de rappeler l’enthousiasme de la revue à recevoir des propositions de Rencontres « extérieures » pour chacun de ses numéros.

Bien qu’elle soit intégrée dans la partie non thématique de la revue, Champ Libre, la Note de Recherche de Florencia Dansilio sur le rôle politique du théâtre uruguayen durant et après la dictature fait écho à la thématique du numéro (« Del mensaje al acontecimiento. El giro discursivo en torno a lo político en el teatro uruguayo post-dictadura »).

Pour finir, les Regards sur les Amériques sont nombreux et variés. Cette rubrique est destinée à recevoir des écrits plus libres, tant dans leur forme que dans leur contenu puisqu’elle est ouverte à des articles d’opinion, de comptes-rendus culturels (exposition, spectacle, etc.), d’extraits de carnets de terrain ou encore d’articles d’opinion, entre autres possibilités. Six auteur.e.s, Mathilde Duchemin et al., proposent à RITA de naviguer avec les explorateurs et cartographes pour suivre l’expansion maritime de l’Europe, grâce à leur compte-rendu sur une exposition organisée à ce sujet (« Compte-rendu de l’exposition « L’âge d’or des cartes marines : quand l’Europe découvrait le monde (23 octobre 2012 – 27 janvier 2013) »). Adriano Messias nous plonge dans les imaginaires américains, dans un voyage du XVème au XVIIIème siècles, autour de l’hybridité qui les compose allant des créatures fantastiques jusqu’au film Avatar, en passant par les récits d’aventuriers de l’époque (« O monstruoso e o fantástico na estranheza das Américas »). Amandine Guillard, change de registre en invitant le lectorat à s’immiscer dans la relation d’amour-haine qu’entretient le poète argentin exilé, Juan Gelman, avec son pays natal. En assimilant l’Argentine à une figure féminine qui offre puis reprend son amour, qui donne puis détruit la vie, le poète exprime sa douleur d’argentin exilé et de père pleurant son fils disparu. Un rapport ambigu s’installe lorsque la souffrance de l’exil est provoquée par le pays regretté (« L’ambiguïté de la figure féminine dans Interrupciones 2 de Juan Gelman »). Puis, pour suivre de près l’actualité, Oliver Cauã Cauê França Scarcelli propose un article d’opinion qui retrace les mouvements sociaux qui secouent le Brésil depuis plus d’un an, depuis les revendications concernant l’augmentation des tarifs des transports publics dans les grandes villes jusqu’aux critiques autour de l’organisation de la coupe de monde de football (« As jornadas de junho em São Paulo »).

Ce numéro cherche ainsi à saisir les liens que tissent les Amériques d’une part, entre elles et  d’autre part, avec le monde. Le comité de rédaction espère que le public de la revue prendra autant de plaisir à le lire que nous en avons eu à l’élaborer. Nous tenons à remercier vivement chacun.e des auteur.e.s, les membres du comité de lecture et les autres collègues ayant participé à sa réalisation. Enfin, l’appel à communication du prochain numéro circule désormais et il porte sur les « Icônes américaines ». Nous serons ravi.e.s de recevoir vos contributions pour constituer notre huitième édition.

Bonne lecture à tous et à toutes.

Jessica Brandler-Weinreb pour le Comité de Rédaction RITA.