• Numéro 14
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    Périphéries culturelles dans les Amériques
  • Numéro 14

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    Périphéries culturelles dans les Amériques

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Édito n° 14

 

« Nous ne sommes pas à la marge d’un centre, mais au centre d’une autre histoire »[1]. À l’orée de ce 14e numéro de notre revue, dont la partie thématique sera consacrée aux périphéries culturelles dans les Amériques, ces mots du chanteur, compositeur et écrivain Victor Ramil nous invitent à porter un nouveau regard sur les marges et sur les pratiques et productions culturelles des zones périphériques.

La pandémie de coronavirus secoue la planète depuis plus d’un an et le monde universitaire a été contraint de s’adapter et de renouveler ses pratiques par l’enseignement à distance ou l’organisation d’événements en ligne, tout en réagissant, en France, face aux manœuvres politiques qui visent à déréguler les statuts et précariser le personnel enseignant et administratif – comme nous le soulignons déjà dans l'éditorial de notre numéro précédent. Dans ce contexte parfois compliqué, la revue RITA fait elle aussi face à de nombreux défis et a ouvert plusieurs chantiers pour maintenir la même régularité dans les publications et préserver la qualité de nos contenus. Ainsi, pour étoffer notre comité en pensant aux axes forts de notre revue, à savoir la dimension interdisciplinaire et la valorisation de la jeune recherche, nous venons de recruter Marie Arias, qui prépare son projet de thèse en archéologie andine et est membre du CeRAP (Centre de recherche sur l'Amérique préhispanique).

Par ailleurs, dans un souci d’harmonisation et de clarification de nos contenus, nous avons repensé la structure de la revue et nos numéros seront désormais articulés de deux grands blocs ou sections : le « Dossier thématique » et les « Varia ». Chaque section pourra intégrer quatre sous-divisions. Tout d’abord, les « Articles scientifiques », présentant des recherches théoriques ou empiriques abouties et inédites. La rubrique « Traits d’union » est en lien avec la spécificité de notre revue, faisant la part belle à la jeune recherche ; les « Traits d’union » sont ainsi appelés parce qu’ils sont une mise en liaison, non seulement avec les tout jeunes chercheurs, mais aussi avec la machinerie du processus scientifique : soumis à un format et à des exigences plus souples, ils permettent à des chercheurs en apprentissage de proposer des travaux encore en chantier ou bien servent à présenter des notes de terrain ou réflexions méthodologiques, incluant également des recensions d’ouvrages. Les « Rencontres » sont des entretiens avec des scientifiques ou bien des artistes, politiques, personnalités du réseau associatif, etc. Pour finir, la rubrique « Expressions libres » regroupera des textes à vocation littéraire ou bien des tribunes à dimension davantage citoyenne que proprement scientifique.

Dans ce numéro 14, la section « Varia » sera ainsi composée de 4 « Articles scientifiques », accompagnés d’une recension d’ouvrage dans les « Traits d’union ». Pour ce qui est du dossier thématique, nous avons cette fois fait appel à trois coordinateurs extérieurs à notre comité, les professeurs Símele Rodrigues, Sandra Assunção et Rémy Lucas, que nous remercions chaleureusement et à qui nous laissons conclure cet éditorial, pour introduire les recherches autour des périphéries culturelles.

François Weigel et Nathalia Capellini pour le Comité de rédaction de RITA

Présentation du dossier thématique

« Pour moi, cela ne fait aucun doute : la nouveauté la plus importante de la culture brésilienne de ces dix dernières années est l’apparition de la périphérie sur la scène publique nationale, et surtout le fait qu’elle s’exprime maintenant haut et fort, et partout. La périphérie s’est fatiguée d’attendre l’opportunité qui n’arrivait jamais, et qui serait venue de l’extérieur – du centre »[2].

Cette affirmation de l’anthropologue Hermano Vianna en 2006 lors de l’inauguration du programme TV Central da periferia de la chaîne Globo marque le début du rayonnement national des périphéries brésiliennes dans le monde de la culture. Dès les années 1990, on a vu se développer des mouvements culturels dans les différentes périphéries urbaines des grandes villes des Amériques. Ce prisme de la marginalité spatiale, comme on pourrait le croire, n’est pas en soi suffisant pour expliquer le renouveau culturel et artistique urbain. Les habitants des zones périphériques souffrent certes d’exclusion mais « […] l’exclusion dont ils souffrent correspond à un déficit de légitimité et de reconnaissance citoyenne plus qu’à un véritable processus de repli territorial »[3].

La richesse de l’expression artistique de ses acteurs (littérature, slam, saraus, cinéma, graffitis…) attire l’attention des médias, des institutions culturelles et des universitaires. Créations originales qui montrent, pour la première fois, l’autoreprésentation des habitants des quartiers défavorisés – à partir de leur point de vue et de leur langage – et sont le gage d’un discours dissonant sur la ville (dystopique ou hétérotopique). Leur prise de parole contestataire met en question les frontières socio-économiques et épistémologiques tacitement imposées aux populations en marge de la production (et de la consommation) des bien culturels. La périphérie devient, ainsi, le centre d’une autre histoire.

Au cœur de nos centres d’intérêt, le Brésil est un cas intéressant pour observer cette production culturelle, notamment littéraire. Bien qu’elle ne représente que l’une des pratiques artistiques issues des banlieues, la littérature (écrite ou orale) a été fédératrice d’une théorisation esthétique et politique de cette mouvance et a ainsi réussi peu à peu à pénétrer dans des territoires auparavant inaccessibles, comme le marché éditorial brésilien. Cette culture périphérique ne se limite pas aux livres - objet culturel qui peut ne pas toucher un grand nombre d’habitants de ces quartiers périphériques même si l’illettrisme est en recul – mais s’organise également dans ces quartiers sous forme saraus, soirées poésie ou tout un chacun vient réciter devant ses voisins un texte de son cru.

Dans le sillage de la littérature périphérique brésilienne, peut-on élargir la réflexion vers les cultures et les arts périphériques dans les Amériques ? Cette interrogation a été au cœur de deux journées d’études : « Cultures, arts et littératures périphériques dans le Brésil contemporain » (2017) et « Cultures, arts et littératures périphériques dans les Amériques » (2018). Idéalisées par trois collègues de départements de portugais en France (Nanterre, La Rochelle et Lyon), ces rencontres de vocation pluridisciplinaire ont réuni des spécialistes sud-américains et français dans un dialogue transnational. Deux constatations sont à l’origine de ce dossier : la place désormais occupée par les artistes et écrivains de la littérature dite périphérique/marginale depuis les années 2000 ; d’autre part, la rareté d’événements scientifiques, en France, qui portent sur cette production dont l’importance et la visibilité sont, aujourd’hui, incontestables. Ce dossier vient rendre compte de ces réflexions.

L’intérêt suscité par cette thématique permet de la penser par une approche transnationale car, sans aucun doute, elle peut être élargie à d’autres pays du continent américain. Nous pouvons ainsi comprendre l’irruption des cultures dites périphériques, et, par conséquent, de nouveaux récits des nations américaines, comme une transformation socio-culturelle commune à l'ensemble du continent américain, du nord au sud. L’influence certaine de la contre-culture nord-américaine (hip-hop, rap, street art, etc) ainsi que de sa littérature (littérature de ghetto, littérature afro-américaine) est le point de départ d’un dialogue qui, des deux côtés de l’Atlantique, puisera dans une histoire commune sa source d’inspiration et de contestation : la colonisation, l’esclavage et leur héritage, les clivages et inégalités socioéconomiques et géographiques. Ce constat nous a amenés à penser ce changement épistémologique (de production et de consommation des savoirs et des pratiques culturelles) comme un phénomène de décentrement artistique, finalement, peu périphérique mais qui, dépassant les frontières brésiliennes, peut être décliné à toutes les Amériques.

Par une approche interdisciplinaire, les réflexions proposées dans ce dossier font état d’une production littéraire et artistique innovante et engagée. Bien que ces études se penchent majoritairement sur la production littéraire (y compris la production d’une littérature orale à l’occasion des saraus), la place est aussi faite à une production et représentation cinématographique périphérique non seulement au Brésil mais dans d’autres pays latino-américains.

Les analyses réalisées nous montrent combien la périphérie, ce lieu/lien social et faisceau des pratiques culturelles, joue un rôle central pour le dynamisme culturel des quartiers concernés. Les textes qui composent ce dossier abordent la naissance de la littérature périphérique écrite et orale et la représentation qu’elle en fait de la banlieue. Ils nous permettent de comprendre la complexité des rapports entre centre et périphérie aussi bien dans la production que dans la réception de leurs œuvres ou performances (y compris de l’intérêt ambigu porté à l’étranger sur cette thématique). La place est également donnée aux artistes qui, situés en dehors des canons littéraires et artistiques, demandent à ce que leur voix soit écoutée à travers leurs manifestes, leur prise de parole (poétique et politique) lors des différents saraus urbains et productions cinématographiques. Ces formes d’expression se présentent comme un exercice de liberté, de résistance aux discriminations, aux violences et à l’exclusion sociale subies par les habitants des banlieues.

Ce terrain d’études a commencé d’être défriché lors de ces deux journées de réflexion à la Rochelle et à Lyon et nous espérons que ce dossier ouvrira de nouvelles perspectives de recherche universitaire en France sur ce thème.

Pour le comité d’organisation du dossier :
Sandra Assunção
Símele Soares Rodrigues
Rémy Lucas

Notes de fin 

[1] « Nous ne sommes pas à la marge d’un centre, mais au centre d’une autre histoire », in Vitor Ramil, Esthétique du froid : conférence de Genève. Pelotas : Satolep, 2004, p.54.

[2] Hermano Vianna, « La périphérie prend le pouvoir ». In Je suis Favela. Paris : Éditions Anacaona, 2011.

[3] Virginie Baby-Collin, « Des marges dans la ville : mobilités citadines et métissages de l’urbanité » in CAPRON, Guénola ; CORTES, Geneviève ; GUETAT-BERNARD, Hélène, Liens et lieux de la mobilité : ces autres territoires, Belin, Paris, 2005, p. 145-146. 

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Edito n° 14

"No estamos al margen de un centro, sino en el centro de otra historia"[1]. En vísperas de este número 14 de nuestra revista, cuya sección temática estará dedicada a las periferias culturales en las Américas, estas palabras del cantante, compositor y escritor Víctor Ramil nos invitan a echar una nueva mirada a los márgenes y a las prácticas y producciones culturales de las zonas periféricas.

La pandemia de coronavirus lleva más de un año sacudiendo el planeta y el mundo académico se ha visto obligado a adaptarse y a renovar sus prácticas a través de la formación a distancia o la organización de eventos en línea, al mismo tiempo que, en Francia, l@s investigador@s han reaccionado a las maniobras políticas destinadas a desregular los estatutos y a precarizar al personal docente y administrativo, como ya señalábamos en el editorial de nuestro número anterior. En este contexto, a veces complicado, la revista RITA también se enfrenta a muchos retos y ha puesto en marcha varios proyectos para mantener la misma regularidad en las publicaciones y preservar la calidad de nuestros contenidos. Así, para reforzar nuestro comité pensando en los ejes centrales de nuestra revista, es decir, la dimensión interdisciplinaria y la promoción de l@s jóvenes investigador@s, acabamos de contratar a Marie Arias, que está preparando su proyecto de tesis en arqueología andina y es miembro del CeRAP (Centre de recherche sur l'Amérique préhispanique).

Además, para armonizar y clarificar nuestros contenidos, hemos replanteado la estructura de la revista y nuestros números se articularán ahora en dos grandes bloques o secciones: el "Dossier Temático" y "Varia". Cada sección tendrá cuatro subdivisiones. En primer lugar, los "Artículos" (“Artciles”) que presentarán investigaciones teóricas o empíricas realizadas e inéditas. La sección "Traits d'union" hace eco con la especificidad de nuestra revista, que otorga un lugar privilegiado a los trabajos de jóvenes investigador@s; los "Traits d'union" se denominan así porque son un vínculo, no sólo con los jóvenes investigadores, sino también con la maquinaria del proceso científico: sujetos a un formato y unos requisitos más flexibles, permiten a los investigadores en proceso de aprendizaje presentar trabajos aún en curso, o sirven para presentar notas de campo o reflexiones metodológicas, incluyendo las reseñas de libros. Los "Encuentros" (“Rencontres”) son entrevistas con científicos o artistas, políticos, personalidades del mundo asociativo, etc. Por último, la sección "Expresiones libres" (“Expressions libres”) incluirá textos con vocación literaria o tribunas con una dimensión más cívica que estrictamente científica.

En este número 14, la sección "Varia" se compone, pues, de 4 "Artículos", acompañados de una reseña de libro en la parte “Traits d’union”. Para el dossier temático, hemos recurrido esta vez a tres coordinadores ajenos a nuestro comité, los profesores Símele Rodrigues, Sandra Assunção y Rémy Lucas, a los que agradecemos calurosamente y a los que dejamos la conclusión de este editorial, para que presenten la investigación sobre las periferias culturales.

François Weigel y Nathalia Capellini para el Comité Editorial de RITA

Presentación del dossier temático

"Para mí, no hay duda: la novedad más importante de la cultura brasileña en los últimos diez años es la aparición de la periferia en la escena pública nacional y, sobre todo, el hecho de que ahora se exprese con fuerza y en todas partes. La periferia se cansó de esperar la oportunidad que nunca llegó, y que habría venido de fuera, del centro"[2].

Esta afirmación del antropólogo Hermano Vianna en 2006 en la inauguración del programa TV “Central da periferia” del canal Globo marca el inicio de la influencia nacional de las periferias brasileñas en el mundo de la cultura. Desde los años 90, se han desarrollado movimientos culturales en las distintas periferias urbanas de las principales ciudades de América. Este prisma de marginalidad espacial, como podría pensarse, no es suficiente en sí mismo para explicar el renacimiento cultural y artístico urbano. Es cierto que los habitantes de las zonas periféricas sufren de exclusión, pero "[...] la exclusión que sufren corresponde a un déficit de legitimidad y de reconocimiento ciudadano más que a un verdadero proceso de repliegue territorial"[3].

La riqueza de la expresión artística de sus actores (literatura, slam, saraus, cine, grafitis...) llama la atención de los medios de comunicación, de las instituciones culturales y de los académicos. Creaciones originales que muestran, por primera vez, la autorrepresentación de los habitantes de los barrios desfavorecidos -desde su punto de vista y su lenguaje- y son la garantía de un discurso disonante sobre la ciudad (distópico o heterotópico). Su discurso disidente desafía los límites socioeconómicos y epistemológicos impuestos tácitamente a las poblaciones al margen de la producción (y del consumo) de bienes culturales. La periferia se convierte así en el centro de otra historia.

En el centro de nuestros intereses, Brasil es un caso interesante para observar esta producción cultural, especialmente literaria. Aunque sólo representa una de las prácticas artísticas surgidas de los suburbios, la literatura (escrita u oral) ha sido la federadora de una teorización estética y política de este movimiento y ha logrado, por lo tanto, penetrar gradualmente en territorios antes inaccesibles, como el mercado editorial brasileño. Esta cultura periférica no se limita a los libros -objeto cultural que puede no alcanzar a un gran número de habitantes de estos barrios periféricos, aunque el analfabetismo esté disminuyendo-, sino que también se organiza en estos barrios en forma de saraus, veladas de poesía en las que cada uno acude a recitar delante de sus vecinos un texto propio.

Siguiendo la estela de la literatura periférica brasileña, ¿podemos ampliar nuestro pensamiento hacia las culturas y artes periféricas de las Américas? Esta interrogación fue el centro de dos jornadas de estudio: "Culturas, artes y literaturas periféricas en el Brasil contemporáneo" (2017) y "Culturas, artes y literaturas periféricas en las Américas" (2018). Ideados por tres colegas de departamentos portugueses en Francia (Nanterre, La Rochelle y Lyon), estos encuentros multidisciplinarios reunieron a especialistas sudamericanos y franceses en un diálogo transnacional. Dos constataciones están a la base de este dossier: el lugar que ocupan hoy en día los artistas y escritores de la llamada literatura periférica/marginal desde los años 2000; y, por otra parte, la escasez de eventos científicos en Francia que traten esta producción, cuya importancia y visibilidad son, hoy en día, innegables. Este dossier busca informar sobre estas reflexiones.

El interés que despierta este tema permite pensarlo desde un enfoque transnacional, ya que sin duda puede extenderse a otros países del continente americano. Así, podemos entender la irrupción de las culturas llamadas periféricas, y en consecuencia de las nuevas narrativas de las naciones americanas, como una transformación sociocultural común a todas las Américas. La influencia innegable de la contracultura norteamericana (hip-hop, rap, arte callejero, etc.) así como de su literatura (literatura de gueto, literatura afroamericana) es el punto de partida de un diálogo que, a ambas orillas del Atlántico, tomará su fuente de inspiración y contestación de una historia común: la colonización, la esclavitud y su legado, las divisiones y desigualdades socioeconómicas y geográficas. Esta observación nos llevó a pensar en este cambio epistemológico (de producción y de consumo de conocimientos y de prácticas culturales) como un fenómeno de descentramiento artístico, finalmente poco periférico, pero que, superando las fronteras brasileñas, puede aplicarse as todas Américas.

A través de un enfoque interdisciplinario, las reflexiones propuestas en este dossier muestran una producción literaria y artística innovadora y comprometida. Aunque estos estudios estén centrados principalmente en la producción literaria (incluida la producción de literatura oral con motivo de los saraus), también se da espacio a la producción y representación cinematográfica periférica no sólo en Brasil sino en otros países latinoamericanos.

Los análisis realizados nos muestran hasta qué punto la periferia, ese lugar socializador y conjunto de prácticas culturales, desempeña un papel central para el dinamismo cultural de los barrios en cuestión. Los textos que componen este dossier abordan el nacimiento de la literatura periférica escrita y oral y la representación que esta hizo de los suburbios. Nos permiten comprender la complejidad de la relación entre el centro y la periferia, tanto en la producción como en la recepción de sus obras o performances (incluido el ambiguo interés mostrado en el extranjero por este tema). También se da espacio a los artistas que, situados fuera de los cánones literarios y artísticos, exigen que se escuche su voz a través de sus manifiestos, de su toma de palabra (poética y política) en los distintos saraos urbanos y producciones cinematográficas. Estas formas de expresión se presentan como un ejercicio de libertad, de resistencia a las discriminaciones, a las violencias y a la exclusión social que sufren los habitantes de los suburbios.

Este campo de estudio se ha empezado a explorar durante estas dos jornadas de reflexión en La Rochelle y Lyon y esperamos que este dossier abra nuevas perspectivas para la investigación académica en Francia sobre este tema.

Para el comité organizador del dossier :
Sandra Assunção
Símele Soares Rodrigues
Rémy Lucas

Notas

[1] « Nous ne sommes pas à la marge d’un centre, mais au centre d’une autre histoire », in Vitor Ramil, Esthétique du froid : conférence de Genève. Pelotas : Satolep, 2004, p.54.

[2] Hermano Vianna, « La périphérie prend le pouvoir ». In Je suis Favela. Paris : Éditions Anacaona, 2011.

[3] Virginie Baby-Collin, « Des marges dans la ville : mobilités citadines et métissages de l’urbanité » in CAPRON, Guénola ; CORTES, Geneviève ; GUETAT-BERNARD, Hélène, Liens et lieux de la mobilité : ces autres territoires, Belin, Paris, 2005, p. 145-146.

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Edito n° 14

"We are not at the margin of a center, but at the center of another history.”[1] At the beginning of this 14th issue of our journal, whose thematic section will be devoted to cultural peripheries in the Americas, these words of singer, composer, and writer Victor Ramil invite us to take a new look at the margins and the cultural practices and productions of the peripheries.

The coronavirus pandemic has been shaking the planet for more than a year and the academic world has been forced to adapt and renew its practices through virtual teaching and online events while reacting to political ploys that seek to deregulate the statuses and destabilize faculty members and administrative staff—as we already pointed out in the editorial of our previous issue. In this sometimes complicated context, RITA is also facing many challenges. We have opened several projects to maintain regularity in our publications and preserve the quality of our contents. Thus, in order to strengthen our journal’s main directions, namely its interdisciplinary dimension and the valorization of young research, we have recruited a new editorial board member, Marie Arias, a PhD student in Andean archaeology and a member of CeRAP (Research Center on Pre-Hispanic America).

In addition, in order to harmonize and clarify our contents, we have rethought the structure of the journal. Our issues will now be articulated in two large blocks or sections: "Thematic Dossier" and "Varia". Each section will be further divided into four headings. First of all, "Scientific Articles" (“Articles”), presenting accomplished and previously unpublished theoretical or empirical research. The section "Hyphens” (“Traits d'union”) is in line with the specificity of our journal, which gives pride of place to young researchers; we call them “hyphens” because they are a link not only with young researchers but also with the machinery of the scientific process: subject to a more flexible format and requirements, they allow researchers in training to submit work still in progress or serve to present field notes or methodological reflections, including book reviews. "Meetings" (“Rencontres”) are interviews with scientists, artists, politicians, personalities from the associative network, etc. Finally, the "Free Expressions" (“Expressions libres”) section will include texts with a literary vocation or tribunes with a more civic than scientific dimension.

In this issue, the "Varia" section will be composed of four " Scientific Articles", accompanied by a book review in the "Hyphens" section. As for the dossier, we have called upon three external coordinators, Professors Símele Rodrigues, Sandra Assunção, and Rémy Lucas to introduce the research on cultural peripheries. We warmly thank them and leave the conclusion of this editorial.

François Weigel and Nathalia Capellini for RITA’s editorial board

Presentation of the Thematic Dossier

"For me, there can be no doubt: the most important novelty of Brazilian culture in the past ten years is the appearance of the periphery on the national public scene, and above all the fact that it now expresses itself loudly and everywhere. The periphery got tired of waiting for an opportunity that never came, and that would have come from the outside—from the center.”[2] This statement by anthropologist Hermano Vianna in 2006 at the inauguration of the TV Central da periferia program on the Globo channel marks the beginning of the national influence of the Brazilian peripheries in the realm of culture. Since the 1990s, cultural movements have developed in the various urban peripheries of the major cities of the Americas. The prism of spatial marginality, as one might think, is not in itself sufficient to explain this urban cultural and artistic revival. The inhabitants of the peripheral zones certainly suffer from exclusion, but "the exclusion from which they suffer corresponds to a deficit of legitimacy and citizen recognition more than to a true process of territorial withdrawal”[3]

The richness of its actors’ artistic expression (literature, slam, saraus, cinema, graffiti) attracts the attention of the media, cultural institutions, and academics. Original creations that show for the first time the self-representation of the inhabitants of disadvantaged neighborhoods—from their point of view and their language—and are the pledge of a dissonant discourse on the city (dystopian or heterotopic). Their protest speech questions the socio-economic and epistemological borders tacitly imposed on populations in the margins of the production (and consumption) of cultural goods. The periphery becomes, thus, the center of another history.

At the heart of our interests, Brazil is an interesting case for observing this cultural production, particularly in its literary dimension. Although it represents only one of the artistic practices that have emerged from the suburbs, literature (written or oral) has facilitated the aesthetic and political theorization of this movement and has thus gradually managed to penetrate previously inaccessible territories, such as the Brazilian publishing market. This peripheral culture is not limited to books—a cultural object that may not reach a large number of inhabitants in peripheral neighborhoods, even if illiteracy has declined. It is also organized in these neighborhoods in the form of saraus, poetry evenings where everyone comes to recite a text of their own in front of their neighbors.

Starting from Brazilian peripheral literature, can we broaden the reflection towards other peripheral cultures and arts in the Americas? This question was at the heart of two research events: "Peripheral Cultures, Arts and Literatures in Contemporary Brazil" and "Peripheral Cultures, Arts and Literatures in the Americas" organized in 2017 and 2018. Designed by three colleagues from Portuguese departments in France (Nanterre, La Rochelle, and Lyon), these multidisciplinary meetings brought together South American and French specialists in a transnational dialogue. This dossier originates in two observations: on the one hand, the place that the artists and writers of the so-called peripheral/marginal literature have occupied since the 2000s; on the other, the scarcity of scientific events in France studying a production whose importance and visibility are undeniable today. This dossier reports on these reflections.

The interest sparked by this theme makes it possible to think in terms of a transnational approach because it can undoubtedly be extended to other countries of the American continent. We can thus understand the irruption of the so-called peripheral cultures, and, consequently, of new narratives of the American nations, as a socio-cultural transformation common to all America. The definite influence of the North American counter-culture (hip-hop, rap, street art, etc.) as well as its literature (ghetto literature, African American literature) is the starting point of a dialogue which, on both sides of the Atlantic, will draw its source of inspiration and contestation from a common history: colonization, slavery and their legacy, socio-economic and geographical cleavages and inequalities. This observation led us to think of this epistemological change (of production and consumption of knowledge and cultural practices) as a phenomenon of artistic decentering, finally, not very peripheral but which, exceeding the Brazilian borders, can be applied to all the Americas.

Through an interdisciplinary approach, the reflections in this dossier show an innovative and committed literary and artistic production. Although these studies are mainly focused on literary production (including oral literature during saraus), space is also given to peripheral film production and representation not only in Brazil but in other Latin American countries.

Such analyses show us how much the periphery, this place/social link and cluster of cultural practices, plays a central role for the cultural dynamism of the neighborhoods under study. The articles in this dossier address the birth of written and oral peripheral literature and its representation of the suburbs. They allow us to understand the complexity of the relationship between center and periphery in both the production and reception of their works or performances (including the ambiguous interest for this theme abroad). Space is also given to artists who, located outside the literary and artistic canons, demand that their voices be heard through their manifestos, their speaking out (poetically and politically) in the various urban saraus and film productions. These forms of expression are presented as an exercise in freedom, in resistance to the discrimination, violence, and social exclusion suffered by the people of the suburbs.

The two days of reflection in La Rochelle and Lyon have started to explore this field of study. We hope that this dossier will open up new perspectives for academic research in France on this theme.

For the organizing committee of the dossier:
Sandra Assunção
Símele Soares Rodrigues
Rémy Lucas

 Footnotes

[1] in Ramil, Vitor, Esthétique du froid : conférence de Genève, Pelotas, Satolep, 2004, 54.

[2] Hermano Vianna, « La périphérie prend le pouvoir » in Je suis Favela, éditions Anacaona, Paris, 2011.

[3] Virginie Baby-Collin, « Des marges dans la ville : mobilités citadines et métissages de l’urbanité » in CAPRON, Guénola ; CORTES, Geneviève ; GUETAT-BERNARD, Hélène, Liens et lieux de la mobilité : ces autres territoires, Belin, Paris, 2005, p. 145-146.

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Edito n° 14

“Não estamos na periferia de um centro, mas no centro de uma outra história"[1]. Abrindo esse décimo quarto número da nossa revista, cuja parte temática trata das periferias culturais das Américas, essas palavras do cantor, compositor e escritor brasileiro Vitor Ramil nos convidam a adotar um novo olhar sobre as margens, as práticas e as produções culturais das zonas periféricas.

A pandemia do coronavírus abala o planeta há mais de um ano e o mundo universitário teve que se adaptar e revisitar as suas práticas. Adotamos o ensino à distância e a organização de eventos online, mas também lutamos, aqui na França, contra as manobras políticas que visam desregular e precarizar os estatutos dos docentes e dos servidores administrativos - como explicamos no editorial do número anterior. Nesse contexto por vezes complicado, a revista RITA encarou também novos desafios e iniciou vários projetos para garantir a regularidade e a qualidade dos seus conteúdos. Assim, para ampliar o nosso comitê levando em conta os eixos principais da nossa revista - que são a dimensão interdisciplinar e a valorização da jovem pesquisa -, integra o nosso comitê a pesquisadora Maria Arias, que prepara o seu projeto de doutorado em arqueologia andina e é membra do CeRAP (Centro de pesquisa sobre a América Pré-hispânica).

Além disso, para harmonizar e clarificar os nossos conteúdos, repensamos a estrutura da revista. A partir de agora, os números serão divididos em dois grandes blocos: o “Dossiê temático” (“Dossier thématique”) e os textos “Varia”. Cada seção poderá integrar quatro rubricas: os “Artigos científicos” (“Articles”) que apresentam pesquisas teóricas ou empíricas bem desenvolvidas e inéditas. “Traços de união” (“Traits d’union”) que traz a especificidade da nossa revista e sua ambição de promover os jovens pesquisadores. Os “Traços de união” são assim chamados porque eles criam ligações com pesquisadores ainda pouco experientes, mas também com o funcionamento do processo científico: submetidos a um formato e exigências mais leves, os textos dessa seção são uma oportunidade para que jovens pesquisadores possam propor trabalhos ainda em andamento. Essa seção também abarca as notas de pesquisas, textos de reflexões metodológicas, e também resenhas de livros recentemente publicados. Os “Encontros” (“Rencontres”), por sua vez, são entrevistas com personalidades do mundo acadêmico, artístico, político, associativo, etc. Para terminar, a rubrica “Expressões livres” publica textos literários ou colunas de opinião, aceitando posicionamentos que vão além da dimensão estritamente científica.

Neste número 14, a sessão “Varia” será composta de 4 “Artigos científicos”, além de uma resenha na seção “Traços de união”. O “Dossiê temático” desse número fica a cargo de de três convidados externos a nosso comitê, as professoras Símele Soares Rodrigues, Sandra Assunção e o professor Rémy Lucas, a quem expressamos toda nossa gratidão e a quem deixamos concluir este editorial, para introduzir os artigos temáticos em torno das periferias culturais.

François Weigel e Nathalia Capellini em nome do Comitê editorial da revista RITA

Apresentação do dossiê temático

“Não tenho dúvida nenhuma : a novidade mais importante da cultura brasileira na última década foi o aparecimento da voz direta da periferia falando alto em todos os lugares do país. A periferia se cansou de esperar a oportunidade que nunca chegava, e que viria de fora, do centro”[2].  Essa colocação de 2006 do antropólogo Hermano Vianna, na inauguração do programa TV Central da periferia na rede Globo, marca o início da projeção nacional das periferias brasileiras no mundo da cultura. Nos anos 1990, presenciamos o desenvolvimento de movimentos culturais nos diversos subúrbios das grandes cidades das Américas. Esse prisma da marginalidade espacial não basta, contrariamente ao esperado, para explicar essa renovação cultural e artística urbana. Os moradores das zonas periféricas certamente sofrem  exclusão, mas “[…] a exclusão  que sofrem corresponde antes a uma falta de legitimidade e de reconhecimento de sua cidadania,  do que a um real processo de recuo territorial”[3].

A riqueza da expressão artística de seus atores (literatura, slam, saraus, cinema, grafite...) chama a atenção das mídias, das instituições culturais e dos pesquisadores universitários. Essas criações originais mostram, pela primeira vez, uma autorrepresentação dos moradores de bairros desfavorecidos – a partir do seu próprio ponto de vista e linguagem – e são a garantia de um discurso dissonante sobre a cidade (distópico ou heterotópico). O discurso contestatório veiculado questiona as fronteiras socioeconómicas e epistemológicas tacitamente impostas às populações que se encontram nas margens da produção (e do consumo) de bens culturais. A periferia torna-se dessa maneira o centro de uma outra história.

Nesse sentido, o Brasil é um espaço interessante para observar essa produção cultural, em particular no campo da literatura. Embora represente somente uma das práticas artísticas suburbanas, a literatura, escrita ou oral, esteve à frente de uma teorização estética e política desse movimento e conseguiu, pouco a pouco, penetrar territórios antes inacessíveis, como o mercado editorial brasileiro. Essa cultura periférica não se limita ao livro – objeto cultural que continua inacessível a muitos moradores desses subúrbios, apesar da diminuição do analfabetismo –, mas se organiza também nesses bairros através de saraus, recitais de poesia durante os quais qualquer pessoa pode vir recitar a seus vizinhos um texto de sua autoria.

A partir do exemplo da literatura periférica brasileira, seria possível ampliar a reflexão para as culturas e as artes suburbanas nas Américas? Esse questionamento foi central em nossos dois simpósios: "Culturas, artes e literaturas periféricas no Brasil contemporâneo” (2017) e “Culturas, artes e literaturas periféricas nas Américas” (2018). Idealizados por três colegas de departamentos de português em universidades francesas (Nanterre, La Rochelle e Lyon), esses encontros pluridisciplinares reuniram especialistas sul-americanos e franceses num diálogo transnacional. Duas constatações estão na origem desse dossiê: por um lado, o lugar agora ocupado pelos artistas e autores da literatura considerada periférica /suburbana desde o início dos anos 2000; e, por outro lado, a escassez de eventos científicos na França sobre essa produção, cuja visibilidade e importância são atualmente incontestáveis. Esse dossiê busca  dar visibilidade a essas reflexões.

O interesse suscitado por essa temática permite pensá-la através de uma perspectiva transnacional, já que pode ser ampliada a outros países do continente americano. Podemos assim entender a irrupção de culturas consideradas periféricas e, consequentemente, de novas narrativas das nações americanas, como uma transformação sociocultural comum à totalidade do continente americano, do Norte ao Sul. A influência indiscutível da contracultura norte americana (Hip Hop, Rap, Street Art, etc.) como da sua literatura (literatura de gueto, literatura afro-americana, etc.) é o ponto de partida para um diálogo que, dos dois lados do Atlântico, encontrará numa história em comum sua fonte de inspiração e de contestação: a colonização, a escravidão e as suas heranças, que são as clivagens e desigualdades socioeconómicas e geográficas. Essa constatação nos levou a pensar essa mudança epistemológica (de produção e de consumo dos saberes e das práticas culturais) como um fenômeno de descentramento artístico – que, afinal, não é realmente periférico mas que, superando as fronteiras brasileiras, pode ser observado em todas as Américas.

Beneficiando de uma perspectiva interdisciplinar, as reflexões presentes nesse dossiê apresentam uma produção literária e artística inovadora e militante. Apesar de esses estudos tratarem essencialmente da produção literária (incluindo a produção de uma literatura oral nos saraus), a produção e a representação cinematográfica periférica também estão presentes, não só com exemplos do Brasil, mas também de outros países latino-americanos.

As análises realizadas nos mostram o quanto a periferia, esse lugar e laço social, um motor de práticas culturais, tem um papel central para o dinamismo cultural dos bairros em questão. Os textos que constituem esse dossiê tratam do nascimento da literatura periférica escrita e oral e da representação que ela faz dos espaços à margem. Eles nos permitem compreender a complexidade das relações entre centro e periferia tanto na produção quanto na recepção das obras ou das performances dessas periferias (incluindo o interesse ambíguo que essa temática suscita no exterior). Abrimos também espaço para os artistas que, fora dos cânones literários e artísticos, pedem para ser ouvidos através dos seus manifestos, de suas intervenções (poéticas ou políticas) em vários saraus urbanos e produções cinematográficas. Tais posicionamentos se apresentam como exercícios de liberdade, de resistência às discriminações, às violências e à exclusão social que sofrem os moradores das periferias.

Esse campo de pesquisa começou a ser tratado nesses dois simpósios em La Rochelle e em Lyon e esperamos que esse dossiê possa abrir, aqui na França, novas perspectivas de pesquisa universitária sobre essa temática.

Sandra Assunção, Símele Soares Rodrigues, Rémy Lucas - Organizadores do dossiê temático

 Notas

[1] « Nous ne sommes pas à la marge d’un centre, mais au centre d’une autre histoire », in Ramil Vitor, Esthétique du froid : conférence de Genève. Pelotas : Satolep, 2004, p.54.

[2] Hermano Vianna, « A periferia toma conta ». In Eu sou favela. Paris : Éditions Anacaona, 201é, p. 203.

[3] Virginie Baby-Collin, « Des marges dans la ville : mobilités citadines et métissages de l’urbanité » in CAPRON, Guénola ; CORTES, Geneviève ; GUETAT-BERNARD, Hélène, Liens et lieux de la mobilité : ces autres territoires, Belin, Paris, 2005, p. 145-146.